Bénin : M. Le président, les crevasses d’un puits tari

Monsieur le président, ils sont déçus de vous. J’ai cherché à comprendre et ils m’ont dit : rien à voir ici, circulez ! Je n’y ai pas cru. Le chef de l’Etat de mon pays, fin comme vous, ne peut subir un tel affront. Mais les faits sont têtus. Les organisateurs de cette rencontre, me semble-t-il, n’ont pas pleinement joué leur rôle. Sans comédie intellectuelle, la diplomatie de mon pays a failli et s’est donné une mauvaise réputation au plan national et international. Vous avez certainement voulu faire réparation a travers votre sortie médiatique, mais à mots ouverts votre voyage est un échec (lire ici).

Sur ce plan précis, les simples d’esprit auraient aimé que votre ami ex-président soit encore là. J’avais déjà eu l’occasion de vous le dire : autour de vous il y a de moins en moins de compétences, et tout se fait d’approximation et de médiocrité. Sur ce plan précis, vous et moi sommes d’avis. Le Bénin est un désert de compétences. Ce qui me laisse perplexe, c’est que ce désert s’étende sous votre régime. Peut-être que le mode de nomination est la conséquence de ces tares. Ça n’est pas bon et cette manière de fonctionner vous est préjudiciable. Au finish, c’est la politique du balayeur balayé.

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Monsieur le président, il est évident selon l’adage, que l’on ne peut avoir un parent sur un pommier et manger des pommes vertes. Mieux, il est préférable que l’on fasse uniquement confiance aux loups que l’on maîtrise, qu’aux agneaux que l’on ne connait pas. Mais il est aussi nécessaire de faire la part des choses, non seulement en tant que simple individu mais encore comme chef d’Etat. Le constat est pathétique voire inquiétant. Le népotisme s’est installé dans votre mode de gestion (lire ici). Il court des bruits que toute votre famille, vos proches et j’en passe, sont appelés à des charges politiques comme administratives. Votre désir immodéré à tout caporaliser et à un renouvellement de mandats, vous conduit à des nominations qui laissent perplexe. L’exemple du Ravip est on ne peut plus probant. N’est-ce pas la politique de « c’est nous, aujourd’hui nous avons le pouvoir » ? La privatisation des sociétés d’Etat ou affermage, me semble-t-il, est sous votre ère des concepts vaseux et creux. Tout cela pour faire diversion. Les proches à vous créent des sociétés anonymes, soumissionnent à peine aux appels d’offre et reprennent la gestion desdites sociétés par le système du gré à gré. N’est-ce pas la politique du bleu bonnet, bonnet bleu ? Si l’on traite ainsi le bois vert, qu’adviendrait-il du sec ?

Lire Bénin : Candide Azannaï confirme son opposition au régime Talon et exclut l’He Nobimè

Il se susurre qu’une opposition a votre gestion clanique se prépare, avec pour chef de fil l’autre Juda. C’est un match qui s’annonce au sommet de l’Etat. Tous les coups  seront permis. En tous cas, nous spectateurs joyeux sommes là pour siffler la fin de la récréation par des votes-sanction. Trop c’est trop. Comme le postulent nos frères Ivoiriens, on est où là !! Et d’opposition et vous, point de vertueux… c’est le diable qui donne la main à l’ange, allez-y voir.

Monsieur le président, « mon agenda est déterminé par une chose, ma santé » avez-vous déclaré. Pourquoi acceptez-vous alors cette braise que vous confie l’Onu ? Pour quelle efficacité  (lire ici) ? Ils ont renseigné et moi avec eux, que vous restez toujours homme d’affaires parce que vous ramez à contre courant. Un vrai politique saisit les opportunités et en tire profit. Votre tournée actuelle à l’intérieur du continent, me semble-t-il, est non avenue. Puisque les pays que vous visitez avaient besoin de présence d’hôtes de votre rang, et vous vous êtes fait absent à travers une diplomatie sans boussole.

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Un politique qui a une aversion pour les médias cesse de l’être sitôt qu’il en formule le souhait. C’est comme prendre un chemin et en suivre un autre. Un chef d’Etat est un homme public. En politique, il n’y a ni discrétion ni humilité à faire valoir. Politique et médias font démocratie. Le balbutiement dont fait montre votre direction de la communication est très dangereux pour votre longévité au pouvoir. Que vient chercher la normo-communication dans les affaires publiques ? Les membres de cette direction ont montré leurs limites, que dis-je leurs incompétences. Le diplôme n’est rien, c’est la compétence qui garantit l’efficacité, l’expérience l’efficience. Malheureusement, tous bouffent au banquet de la médiocrité et du m’as-tu vu. Ils sont pleins de leur importance, pas pleins de leur utilité. Disons les choses clairement, remplacez-les par des gens capables et qui ont de l’expérience. Qui amat bene, bene castigate.

6 réponses

  1. Avatar de Houenagnon
    Houenagnon

    Bien que ne partageant pas tous les points de vue l’auteur, je le prie de revoir la citation latine: c’est « castigat » au lieu de « castigate ».

  2. Avatar de Akindes
    Akindes

    A propos de la communication présidentielle, on constate que des cadres antérieurement connus pour leur compétence montrent un visage totalement à l’opposé de ce que nous savions d’eux. Un tel constat mérite une approche plus perspicace que la simple condamnation des intéressés. L’honnêteté brutalement plongé dans une atmosphère de faux et de passe-droits perd entièrement son talent. Il est souvent confronté au dilemme fréquent du choix de se retirer ou de sauver les meubles en silence de manière stoïque. Ils méritent plus notre compassion que notre rejet. Tout le monde ne peut pas avoir le courage de la démission hasardeuse du martyr. Azanaï y avait un avantage certain: celui de préserver son électorat malmené par les décisions hâtives et mal conçues, ou plutôt qui méprise les intérêts des plus démunis. C’est une évidence. Ologou a posé un acte de même portée nous avait-il semblé. La suite de la carrière d’un homme qui a cru à un engagement réel peut s’effondrer sans possibilité de rattrapage en demeurant sur le territoire national. Ce n’est pas nouveau: révolution, changement auxquels certains ont cru.

  3. Avatar de Sonagnon
    Sonagnon

    Je ne pense pas du tout que le Bénin soit le désert de compétence!!!

    Même sous KEREKOU, la diplomatie béninoise était respecté; le problème ici, c’est un aventurier qui a pris les commandes de notre pays le Bénin.

    Et comme vous le dites si bien, le népotisme règne en maître dans les nominations et les professionnels sont à l’écart.
    Les courtisans et les médiocres qui connaissent des promotions par amitié ou par lien de famille montre un Bénin qui n’est pas ce que moi j’ai connu.

    Mais un Bénin de l’aventurier Patrice TALON, qui disparaîtra par la grâce de DIEU exactement comme il est venu.

    1. Avatar de Jean
      Jean

      Certes, le Bénin est rempli de diplômés mais est bel et bien un désert de compétences.
      Au Bénin on confond très facilement diplômes et compétences.
      Si le Bénin disposait de compétences comme certains aiment le dire, le Bénin se porterait socialement et économiquement bien, et les indices de développement humains seraient parmis les meilleurs du continent. Il convient de souligner que le développement d´un pays est le reflet ou la conséquence directe de la compétence de ses citoyens, mais malheureusement le Bénin notre pays n´est pas encore dans cette dynamique, c´est un pays rempli de mesquinerie et vide en compétences.
      Ayons le courage de le reconnaître.
      C´est mon point de vue.

      1. Avatar de Sonagnon
        Sonagnon

        C’est faire une insulte aux béninois qui font la fierté de notre pays que de dire que le Bénin est un désert de compétences.

        Je partage volontiers votre avis sur la mesquinerie qui caractérise beaucoup d’intellectuels béninois.

        Nous avons eu la conférence nationale, et beaucoup d’autres événements au Bénin comme à l’extérieur du Bénin pendant lesquels des intellectuels béninois se sont particulièrement distingués.

        Mais des intellectuels qui avilissent l’image de notre pays, il y en a beaucoup aussi, et l’exemple le plus éloquent c’est DJOGBENOU qui se met au service d’une vaste escroquerie qu’on appelle « rupture et nouveau départ »

        C’est la cupidité et une grande malhonnêteté qui expliquent l’état actuel de notre pays.
        Si non, le Bénin a tout pour connaître le développement.

        1. Avatar de Jean
          Jean

          Je te comprends, tu poursuis autre objectif, celui de critiquer le régime en place. Pour ce qui me concerne, je ne suis pas dans la logique du jugement plitique.
          S´il faut faire un jugement politique, on remplira des pages en citant les noms de ceux qui par leurs actes de manière consciente ou inconsciente, sont responsables de la misère de nos populations. Depuis les indépendances jusqu´à ce jour, notre pays ne s´est jamais bien portè donc inutile de venir citer Djogbénou qui n´est que l´un des derniers invités à la chose politique au Bénin.
          Faisons une analyse sérieuse de la situation de notre pays et cessons de trouver des cibles faciles.

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