C’est au cours de son entretien avec les Béninois de la diaspora en France que le président béninois Patrice Talon, qui y était dans le cadre de « la visite de travail », a répondu à la question d’une participante à la causerie. A la question de savoir si le président actuel sera encore candidat en 2021, Patrice Talon a fait un long développement qui s’est achevé dans un flou artistique. Question pour lui de faire durer un suspens qui n’en est plus un.
Afin de répondre à une question aussi claire, Patrice Talon a utilisé 6 mn et 57 secondes, pour ensuite laisser l’auditoire sur sa faim. C’est vrai que certains analystes qui ont élagué un extrait de sa réponse, ont vite fait de conclure qu’il a affirmé de façon explicite sa candidature à un second mandat. Voici l’extrait de sa réponse qui a conduit certains à parler de la confirmation par Talon de sa candidature en 2021 : « Mais à défaut que cette réforme ne soit pas acceptée, il n’y a pas de raison que je continue de proclamer haut et fort que dans tous les cas, moi pour faire un bon mandat, il faut que mon mandat s’arrête, que je ne sois pas candidat à un second mandat ».
Ces propos entraînent le lecteur pressé à conclure que Talon sera candidat. Pourtant, en lisant les dernières phrases de sa réponse, on s’aperçoit très rapidement que la conclusion tirée de ces propos cités plus haut, était hâtive. Ce sont des propos qui laissent le lecteur dans l’incertitude et qui contrastent avec ce qui apparaissait avant comme une affirmation claire : « Je souhaite que chacun de nous soit là présent demain pour faire le bilan du parcours ensemble. Qu’on ait la chance d’avoir longue vie jusqu’à ce moment là, pour apprécier ce que nous avons pu faire ensemble et pour rire, se moquer des décisions que je prendrais à ce moment ».
Cette projection dans le temps appelle à la clémence de la nature, à garder en vie les acteurs en vie jusqu’à ce moment. Comme pour dire que seuls ceux qui seront encore en vie auront l’occasion de voir et d’apprécier sa décision. Mais c’est surtout la dernière phrase de sa réponse qui installe complètement le doute. Relisons-là pour s’en convaincre : « Est-ce que je tiendrai malgré tout à cette promesse que j’ai faite de dire que 5 ans, c’est beaucoup dans la vie d’un homme en termes de sacrifices. Ou bien je dirai en ce moment que je me sens encore capable de sacrifices, je ne sais pas si je suis dans cette dynamique. On appréciera ensemble le moment opportun ». A moins de vouloir jouer à Thomas, ces propos du chef de l’Etat prolongent le suspens sur candidature. Mais cela peut bien s’expliquer.
Faire dépendre sa décision des résultats du premier mandat
On doit se rappeler qu’au cours de son échange avec les professionnels des médias le 1er août 2016, le président Patrice Talon laissait entendre : « je veux être porté en triomphe à la fin de mon mandat ». Mais entre ce vœu pieu et la réalité, il commence à s’installer des doutes. Des doutes liés à des éléments perturbateurs que le candidat à la présidentielle n’avait peut-être pas envisagés.
Comme la période de grâce qui n’a duré que quelques mois. La veille citoyenne qui est de plus en plus assidue et les critiques qui fusent de toutes parts. L’assurance d’un mandat réussi ou à succès demande désormais plus de réalisations, et exige même de changer de paradigme. Le Pag brandi comme le trophée de guerre est attendu sur le terrain des réalisations concrètes. Et le peuple se montre déjà impatient. Alors, le « compétiteur-né » garde toujours espoir mais rien n’est sûr.
C’est pour toutes ces raisons que sa réponse à la reconduction du mandat est ambiguë. Certainement parce que pour lui, c’est la fin du premier mandat qui déterminera la suite, c’est-à-dire sa décision. Reconduction du mandat en cas de succès du premier et abdication en cas d’échec.
En tout état de cause, ce qui paraît évident à la lecture de ce flot de paroles lénifiantes, c’est que Patrice Talon n’est plus aussi affirmatif et péremptoire qu’il l’a été au terme de l’entretien du 1er Août 2016. Il disait alors qu’en cas d’échec du projet de révision de la constitution, il ne faire qu’un seul mandat, pour l’exemple.
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