Etat de la Nation : Un discours qui passe sous silence la misère des populations

Conformément à la tradition, le président de la République Patrice Talon était devant la représentation nationale, le vendredi dernier, pour son discours sur l’état de la nation. Il a délivré un speech d’une longueur inhabituelle, et dans lequel il a fait un bilan séduisant dans beaucoup secteurs. Et pourtant, il n’y a rien de nouveau sous le soleil béninois. Au contraire, la misère et les soucis s’accentuent.

Dans son discours sur l’état de la nation vendredi dernier, le président de la République s’est réjoui des progrès enregistrés dans le secteur agricole, notamment dans les filières coton, ananas, karité, riz etc. Des performances qui selon lui, sont de plus en plus remarquables. Dans le secteur de la santé, il est annoncé la poursuite de la construction de certains hôpitaux de zone. Des réformes vont toucher le cadre institutionnel du secteur. Pour lutter contre le délestage, le gouvernement a autorisé la construction de centrales bi-combustibles et solaires, dans certaines localités avec l’appui des partenaires. L’exécutif ambitionne assurer l’eau potable à toutes les populations en quantité et en qualité, d’ici 2021. D’ailleurs, sur ce plan des projets sont en cours de concrétisation, a dit le président de la République.

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Dans un discours inhabituellement long et sur un ton ferme, Patrice Talon a encore annoncé de grandes mesures pour 2018. Le projet asphaltage rentrera dans sa phase active dans quelques mois, sans oublier la modernisation de 47 marchés urbains ou ruraux. Des moyens conséquents seront consacrés à la scolarisation des filles, à la construction et à la réhabilitation des salles de classe. La réhabilitation des parcs W et Pendjari, des musées sur toute l’étendue du territoire, et plusieurs autres grands travaux sont aussi prévus et seront lancés dans le deuxième semestre de 2018. Des travaux qui vont contribuer à changer le visage du Bénin.

L’amélioration du réseau routier dans tout le pays, l’aménagement des espaces verts dans les grandes villes, le déploiement de 2011 kilomètres de fibre optique dans 67 communes du Bénin, déjà plus de 20 millions de repas distribués aux écoliers durant le premier trimestre de l’année en cours, dans le cadre du programme de cantines scolaires, etc. Autant de points positifs déroulés dans le catalogue des actions du régime Talon, et qui font croire à la première lecture du discours du Chef de l’Etat que le pays se porte au mieux dans les secteurs cités.

Mais en vérité, le constat est que malgré ces efforts que Talon et les siens revendiquent, la qualité de vie n’a pas changé outre mesure dans le pays sous « le Bénin révélé ». Des millions de Béninois ont de plus en plus du mal à assurer le minimum social vital. Une dure et éprouvante épreuve à laquelle le peuple ne s’attendait certainement pas, du moins pas avec cette ampleur. Au plan social, on se  souvient encore de l’opération de déguerpissement qui a fait beaucoup de victimes, des licenciements, des privatisations de sociétés ou offices d’Etat, dont certaines sont en cours et vont s’intensifier en 2018, comme le port autonome de Cotonou. Par ailleurs, l’acharnement contre certains opérateurs économiques ou hommes d’affaires, sur fond de règlements de comptes, le retrait de la licence de Bbc Com et la fermeture annoncée de Glo Mobile avec pour conséquences des milliers d’emplois perdus, le vote d’une loi sur l’embauche en République du Bénin et autres mesures en cours, telles que l’augmentation de certaines taxes qui ne sont pas nature à garantir un tissu social apaisé.

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Patrice Talon a semblé oublier les difficultés auxquelles sont confrontées ses concitoyens, qui dans la douleur vaquent à leurs occupations quotidiennes.

La relance de l’économie nationale avec une rigueur budgétaire est pour le moment à l’étape des discours. La lutte contre la corruption et le chômage, la création de 500 000 emplois, une école apaisée et performante, des infrastructures dans tout le pays, vont certainement prendre du temps à se réaliser. L’eau et l’énergie électrique demeureront  jusqu’à preuve du contraire des denrées rares, et seront le privilège des habitants des grandes agglomérations. La connexion internet au Bénin reste ce qu’elle est en dépit des kilomètres de vibres optiques déployés sur le terrain. Bref, tout est comme au point de départ avec le nouveau départ, et les Béninois sont de plus en plus inquiets de l’état de la nation pour les mois à venir.

Le peuple en attend donc, légitimement d’ailleurs, beaucoup de Talon et son équipe. Vivement que le pouvoir en place aille à l’essentiel, et vite

Une réponse

  1. Avatar de Agadjavidjidji
    Agadjavidjidji

    Ce n’est pas en 21 mois que se bâtit une économie prospère où il fait mieux vivre pour le plus grand nombre. Arrêtons de chicaner pour rien. Les Akowés de Cotonou privés désormais de leurs réseaux de racket et de siphonage des maigres ressources publiques qui crient et intoxiquent à longueur de journée ne doivent pas être confondus avec la majorité silencieuse qui, elle est patiente et bien consciente que l’édifice sera d’autant plus beau et debout qu’aussi solides et profondes seront ses fondations.
    On ne construit pas du durable sur la tricherie et les raccourcis. Il faut accepter consentir de lourds sacrifices. Nous avons le droit d’être exigeants avec nos élus. Mais ne perdons pas de vue d’où nous venons.
    Oui. Dans nos récriminations et notre impatience légitime, nous ne devons pas oublier que durant les dix dernières années, les fondements de la République ont été saccagés par des crimes économiques d’une ampleur jamais égalée dans l’histoire de notre jeune nation : ICC Services, CEN SAD, Tracteurs agricoles, PPE2…etc .
    Nous ne devons pas oublier qu’une décennie durant, notre peuple a été clochardisé via des marches de soutien en semaine et des messes d’action de grâce à la gloire du chef le week end.
    Nous ne devons pas oublier que pendant dix bonnes années, l’on a fait croire à la jeunesse que l’accès à un emploi décent ne pourrait passer que par les faux diplômes et que la fonction publique était désormais la chasse gardée des ressortissants d’une certaine région du pays..
    Voilà en réalité d’où nous venons. On comprend aisément que prendre la suite d’un tel carnage est un énorme défi dont l’aboutissement nécessite du temps.
    Ayons foi en notre pays car il est merveilleux et doté d’une capacité de résilience incommensurable.

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