Invité hier dimanche 28 janvier 2018 à l’émission « Ma part de vérité » de Golfe Télévision, Me Jacques Migan, ancien conseil et partenaire politique de Sébastien Ajavon, devenu par enchantement « ami du président Talon » (l’expression est de lui), s’est prêté à l’exercice de défenseur mécanique du gouvernement. Ceci à travers une lecture tendancieuse de l’actualité politique au cours de laquelle il a produit des déclarations aussi surprenantes qu’incendiaires. En dehors du fait de prédire que les décisions de la Cour constitutionnelle ne seront pas appliquées, il a aussi justifié les salaires faramineux des ministres, des préfets autres membres de l’administration et bien d’autres déclarations effarantes. Comme au prétoire, l’ancien bâtonnier s’est mué en avocat défenseur de l’indéfendable.
Du passage de Me Jacques Migan sur Golfe télévision hier dimanche, on retiendra surtout sa prédiction sur les décisions de la Cour constitutionnelle. Celles qui réhabilitent le droit de grève aux agents de l’Etat : personnels de la santé, de la justice, aux magistrats et à la police. L’ancien Bâtonnier qui se range parmi les détracteurs de la Cour constitutionnelle, trouve que cette décision de la haute juridiction est incohérente. Il estime que le président actuel de la Cour qui avait participé en tant que membre de la Cour en 2011, lorsque celle-ci déclarait le droit de grève comme n’étant pas un droit absolu, s’est dédit. Il annonce donc que ces décisions ne seront pas respectées et que le gouvernement laissera passer les 5 mois qui restent à la Cour actuelle pour réintroduire ces dossiers devant la nouvelle Cour qui sera installée.
Ces propos de Me Migan à défaut de choquer peuvent tout au moins surprendre. Parce que c’est un juriste et un avocat de surcroît qui appelle à rejeter les décisions de la plus haute juridiction. Pourtant cette même Cour qu’il dénigre autant, a déclaré conforme à la constitution, des lois qui ont suscité la polémique et l’indignation de la part de l’opinion. C’est le cas de la loi sur l’embauche ou celles sur les collaborateurs extérieures, le renseignement, la police républicaine etc.
Incohérence
Jacques Migan n’a pas dit le sort qui sera réservé à ces lois que la cour a validées et qui sont favorables au gouvernement. L’ancien bâtonnier dans son costume de défenseur de l’indéfendable, explique par ailleurs que le traitement salarial exorbitant accordé aux ministres, aux préfets et autres cadres de l’administration a pour objectif de les prévenir contre les tentations aux détournements et à la corruption. Il ajoute même que ces hauts cadres de l’administration occupent des fonctions temporelles et non pérennes comme des fonctionnaires.
Peut être par amnésie, l’ancien bâtonnier a oublié que le président Talon, lors de la campagne de la présidentielle de février-mars 2016, évoquait le projet de réduire le train de vie de l’Etat. Est-il cohérent avec lui-même en accordant de tels salaires à ces cadres ? Plus grave, peut-il convaincre les populations de serrer indéfiniment leurs ceintures lorsque des ministres, préfets et autres perçoivent des millions de salaire par mois ? En tout cas, tout porte à croire que Me Migan est dans un exercice de soutien mécanique du gouvernement et qu’il ne se soucie pas de la pertinence de ses arguments.
Flagornerie
Tenez, à la question par exemple de savoir si le gouvernement investit dans le social, qui constitue pourtant sa plus grande faiblesse sur laquelle, même la directrice du Fmi de passage au Bénin a attiré son attention, Jacques Migan répond par l’affirmative. En donnant comme illustration, une des décisions du dernier Conseil des ministres qui annoncent la construction des forages à Savalou où la question de l’eau potable est devenue préoccupante. Si l’eau est la vie, comme le dit le slogan, Me Migan veut-il réduire le Social à la seule dotation en eau. Pourquoi n’a-t-il pas évoqué la suspension de la gratuité de la césarienne ou encore du fonds qui permettait de soigner les patients indigents au Cnhu ? Dans tous les cas, Me Migan, a fait son devoir, celui de justifier son amitié envers le chef de l’Etat en défendant l’indéfendable avec des arguments discutables, poreux et vaseux.
Répondre à OLLA OUMAR Annuler la réponse