Dans le but de faire des villes du Bénin et celle d’Abomey-Calavi en particulier, un pôle attractif de la sous-région, le gouvernement a décidé dès son arrivée au pouvoir, d’entreprendre des réformes, notamment celle relative à la libération des espaces publics. Une réforme faite avec beaucoup de zèle, foulant ainsi aux pieds le respect de la dignité humaine. Les occupants du tronçon allant du carrefour Kpota à celui d’Aitchedji, en plein cœur de la commune d’Abomey-Calavi, ont eu une journée inhabituelle hier mardi 23 janvier 2018. Ils ont en effet été contraints de quitter les lieux, abandonnant pour certains leurs étalages, à cause de l’opération de libération des espaces publics.
Sécurisant le territoire pour que ladite opération se déroule, les forces de l’ordre ont été sans pitié. Le tracteur commis à cet effet a aussi été sans pitié. Raclant tout sur son passage, il exécutait à la lettre les instructions données, mettant ses ‘’victimes’’ et tous les riverains en émoi. La violence et le caractère inhumain avec lesquels l’opération a été mise en œuvre laisse à désirer. C’est ce qu’en pense d’ailleurs Justin Koukpohousi, propriétaire d’un cyber qui a été détruit. « Toute bonne intention ne donne pas forcément de bons résultats » a-t-il déclaré, pour s’insurger contre cette mesure du gouvernement mise en exécution par les pouvoirs décentralisés. Pourtant précise-t-il, c’est avec les activités qu’exercent ces commerçants et gens de métiers, qu’ils parviennent à scolariser leurs enfants et assurer les besoins de leurs familles.
Des grincements de dents
« L’arrivée de Talon au pouvoir a suscité en nous beaucoup d’espoirs. Mais après un (01) an, nos espoirs se sont transformés en cauchemars » a-t-il indiqué.
Justin Koukpohoussi nous a confié que les forces de l’ordre ont tabassé une femme qui vendait non loin de son cyber, avant de lui dire d’enlever ses étalages. Plus amer dans ses propos, Odette Ahouansou assistante de direction dans une structure de Btp à Cotonou, a expliqué que le peuple béninois a en urgence besoin d’actions sociales, non de chantier. Et cela passe par des mesures allant dans ce sens.
« Je suis peiné de vous dire que le président Talon à des mauvais conseillers. Sinon cette opération de libération des espaces publics se ferait sans heurts ».
De nombreuses femmes poursuit-elle, qui grâce à leur commerce assuraient la majorité des dépenses du foyer, ne sont plus à même de le faire parce qu’elles ont été victimes de cette opération. « La misère sévit dans le pays » a-t-elle conclu.
Amertume affichée
Pour sa part, Olivier D., enseignant au Ceg 1 d’Abomey-Calavi, a apprécié la décision du gouvernement, qui selon lui, est salutaire. A contrario, ce qu’il déplore c’est la manière avec laquelle elle est mise en œuvre. De plus, le contexte ne s’y prête pas eu égard aux limogeages çà et là, et la fermeture des entreprises que l’on constate dans le pays.
« Ces hommes et femmes qui ont perdu et continuent de perdre leur gagne pain à cause de la libération des espaces publics, sont censés faire quoi maintenant, avec toutes les charges dont les familles béninoises s’acquittent au quotidien… ? », s’est-il demandé.
Martine Koulevo, revendeuse d’essence de contrebande sur cette voie, a exprimé toute son indignation concernant la méthode employée par les autorités. Elle estime que le gouvernement aurait dû en amont prendre des mesures d’accompagnement.
« Nous ne sommes pas contents de Patrice Talon car ce n’est pas ce pour quoi nous l’avons élu ».
Espérons que le peuple, souverain, soit entendu
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