Le jour où les travailleurs auront majoritairement perdu le droit de grève, beaucoup de tribuns des causes de la »prétendue masse populaire « ou de l’intérêt général, seront surpris de constater qu’il ne restera plusrien de l’État de droit et de tout ce qu’ils prétendent défendre au profit du peuple.Appliquons notre intelligence à bien examiner notre passé lointain et récent ainsi que le présent, et nous comprendrons que le droit de grève au Bénin, plus qu’un moyen de revendication corporatiste, est aussi une arme au service de la démocratie, de l’État de droit, de la protection des citoyens, donc de l’intérêt général.
Faites l’effort de collecter les motions de grèves des organisations syndicales de 2006 à nos jours par exemple, ainsi que les résultats à leur actif dans la même période et votre regard sur le droit de grève va changer. On peut déplorer des déviances au niveau de certains syndicats , ce qui est inhérent à toute organisation humaine , mais cela n’enlève rien à la vertu de l’action syndicale dans notre pays et qu’il faut apprécier à sa juste valeur.
Dans bien des cas et même souvent, le droit de grève est une arme qui freine les gouvernants dans leur élan de violation du droit et des droits, et de compromission de l’avenir de la collectivité toute entière.
Réfléchissons objectivement, critiquons dans l’action syndicale ce qui mérite de l’être afin de faire progresser notre nation, mais n’oublions jamais ce que pouvait être ce pays et ce qu’il pourrait être sans l’action syndicale, le droit de grève. Ne condamnons pas le droit de grève sans assurer à son profit le principe du contradictoire et sans quelque part nous constituer avocat pour dire qu’il nous a tous défendus et continue de le faire.
En l’état actuel de la conception de la politique et de la gouvernance dans notre pays, l’option de la suppression du droit de grève sous le prétexte de la défense de l’intérêt général ou du développement serait un suicide collectif.
Les syndicats constituent le substratum du peuple béninois qui conteste, revendique et qui fait vivre la démocratie. Faisons donc très attention pour que le choix d’aujourd’hui pour des intérêts immédiats ne compromette durablement le futur.
Le débat sur la suppression du droit de grève doit se libérer des chapelles partisanes car il est trop sérieux et même vital .Pour le faire objectivement, il faut interroger notre passé, évaluer le présent et surtout se projeter dans l’avenir qui pourrait nous réserver des dirigeants indignes à qui on aurait ouvert un boulevard pour compromettre irrémédiablement ce que nous prétendons préserver.
Nous devons décider ou légiférer aujourd’hui et chaque fois de manière à ce que, même si Satan était élu président de la République, qu’il n’ait pas d’autre choix que de nous faire évoluer vers le bien et l’aspiration à plus de droits.
Dénis Togodo
Juriste
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