Depuis quelques temps, le conseil des ministres est presque devenu un tribunal à part entière. Tous les mercredis, on y révèle des dossiers dits de malversations, dans lesquels on accuse des personnes sans les écouter. Avec une célérité à nulle autre pareille, le Procureur de la République, Gilbert Togbonon, s’en charge et place souvent sous mandat de dépôt les mis en cause à la prison civile de Cotonou.
Le conseil des ministres se substitue-t-il à la justice ? C’est la question que l’on se pose lorsque le rendez-vous hebdomadaire des ministres est pratiquement devenu un nouveau tribunal, où les opposants sont pour la plupart livrés à la vindicte populaire. Le Gouvernement saisit cette tribune pour les vilipender en violation de la présomption d’innocence. Il le fait sans même parfois apporter les preuves de ses accusations. Ce faisant, le Président Patrice Talon et ses ministres, lors de leur conclave hebdomadaire, s’érigent en juges pour décider du sort de leurs accusés.
On se rappelle de l’affaire Cnss (Caisse nationale de sécurité sociale). Laurent Mètongnon et ses co-accusés ont été traités de tous les noms d’oiseau en Conseil des ministres. Et comme il n’y a pas de preuves matérielles contre eux, le Gouvernement s’est accroché à des supposées rétro-commissions qu’ils auraient perçues, en plaçant les fonds de la Cnss à la Banque internationale du Bénin. Après leur interpellation et leur garde à vue, ils ont été placés sous mandat de dépôt à la prison civile de Cotonou, depuis novembre 2017.
C’est avec la même méthode que l’ancien ministre de l’Economie maritime, Valentin Djènontin, a été accusé dans un dossier de malversations dans le secteur cotonnier. Et, il a fait l’objet de toutes sortes d’incriminations sans être entendu par la commission d’enquête. C’était au lendemain du dernier congrès des Fcbe où il y a eu de sévères récriminations contre le Pouvoir de la Rupture. Par la suite, le Gouvernement demande la levée de son immunité parlementaire. Chose curieuse, le ministre de l’Agriculture au moment des faits, Sabaï Katé, transhumant, n’a été cité nulle part dans l’affaire. Récemment, ce sont des directeurs d’écoles qui ont été livrés à la vindicte populaire sous prétexte qu’ils auraient détourné des sacs de riz de cinq kilogrammes. Avant ces événements, c’est en Conseil des ministres que le sort de l’ex-maire de Cotonou, Léhady Soglo, a été scellé suite à des lourdes fautes que le Préfet du Littoral, Modeste Toboula, aurait révélées dans sa gestion. Mercredi dernier, le détournement de plus d’un milliard sous l’ancien greffier en chef du tribunal de première instance de Cotonou, Abou Séïbou, a été mis sur tapis. La liste des dossiers débattus en Conseil des ministres où des jugements de valeur ont été portés contre des cadres béninois sans avoir les écoutés est longue.
Constats
Sous le prétexte de la lutte contre la corruption, le gouvernement engage la répression contre les opposants. Tout le monde sait que c’est au lendemain d’un meeting contre la gestion du pouvoir en place que l’affaire Cnss est venue à la place publique. Pour le Secrétaire exécutif national du parti-Fcbe, Valentin Djènontin, très critique envers le régime actuelle, l’acharnement est plus flagrant. Ce faisant, on dirait que les magistrats se déplacent pour aller juger des Béninois au palais de la Présidence, tous les mercredis.
Pendant ce temps-là, des transhumants, fuyant des représailles judiciaires, sont protégés. On ferme même les yeux sur des cas de malversations sous la Rupture. C’est le cas de la surfacturation de 300 millions sur l’achat de motos au ministère du Cadre de vie révélé par l’Autorité nationale de lutte contre la corruption. Alors, on peut retenir que la lutte contre la corruption et l’impunité est un instrument de chantage à des fins politiciennes sous le Président Patrice Talon. Ce qui amène d’autres à dire que les Béninois sont toujours en quête de vrais dirigeants soucieux du développement de leur pays
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