Depuis 1960, le peuple béninois a connu tous les systèmes politiques possibles. Le plus dur fut la dictature révolutionnaire marxiste léniniste de 1972 à 1989. Pendant cette pathétique période, les béninois ont été confrontés aux arrestations arbitraires, à la torture, à la privation des libertés fondamentales, au totalitarisme, aux assassinats politiques, à la gabegie, à la pensée unique, etc.
Ce système nuisible au développement et à la vie du pays, a conduit à la démocratie adoptée en février 1990, à la Conférence des forces vives de la Nation. Mais après près de trois (03) décennies de liberté chèrement acquise, certains citoyens proches du régime Talon lèvent la voix pour prôner le retour à la dictature. Une attitude fort inquiétante.
Le Bénin a vécu la dictature la plus féroce pendant la période révolutionnaire. Elle a fortement marqué la société béninoise et laissé des souvenirs douloureux dans les esprits. Ils n’hésitent pas à rappeler ces moments où personne ne pouvait prendre d’initiative personnelle, sans subir les affres du régime en place. En effet, beaucoup de personnes ont été victimes d’arrestations arbitraires, et détenues dans les camps de concentration ou soumises à la torture, voire tuées dans des conditions atroces. Les plus chanceux ayant pris le chemin de l’exil. Aujourd’hui, peut-être par ignorance ou par méconnaissance de l’histoire politique du Bénin, certains faucons du pouvoir Talon estiment que c’est la dictature qui peut assurer le développement du Bénin. Tout d’abord, c’est un député de la majorité parlementaire qui, lors d’une grande réunion des juristes l’année dernière à Cotonou, affirmait que tous les pays qui ont connu une émergence ont évolué sous la dictature. Cette élue de la nation posait la question de savoir s’il est convenable pour le Bénin de continuer à adopter le système démocratique, par lequel les citoyens bénéficient de toutes sortes de libertés.
La semaine dernière, un proche du Président Talon nommé au palais de la Marina, déclarait sur une radio privée de Cotonou que les pays que nous admirons ont connu un développement grâce à la dictature. Les artisans de la Conférence des Forces vives de la Nation de février 1990, qui a accouché de la démocratie, les victimes et leurs parents, doivent déjà se lever comme un seul homme pour exprimer vivement leur indignation contre cette ignominie d’une époque révolue. Ce sont simplement des individus mal intentionnés et mal inspirés, qui souhaitent entrainer le Bénin dans la barbarie. Ils oublient totalement que les béninois ont définitivement tourné la page de la dictature, et sont accrochés à la démocratie comme la prunelle de leurs yeux.
Le Bénin, un modèle de démocratie
La démocratie béninoise, née seulement il y a 28 ans, est régulièrement citée en exemple dans tous les pays du continent africain et du monde. C’est le peuple qui choisit depuis ses dirigeants, à travers des élections libres et transparentes. La politique n’est plus synonyme de haine ou de régionalisme. C’est toujours ce choix de démocratie qui a valu au Bénin d’être éligible deux fois au Millenium Challenge Acompte (MCA), pour bénéficier de financements américains afin de soutenir certains secteurs de développement du pays. C’est la démocratie qui a permis aux pays comme les Etats-Unis d’Amérique, la Grande Bretagne, la France d’assurer leur développement. Les transformations observées aujourd’hui dans des pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud et autres, sont dues à la démocratie.
La dictature n’a apporté à nos pays que l’arriération, la misère, l’inexistence de liberté et d’initiatives privées. C’est un système dans lequel tout doit revenir aux dirigeants et la misère au peuple. Si certains de nos compatriotes rêvent d’un tel système pour le Bénin, c’est qu’ils sont animés d’une mauvaise foi et cherchent à embastiller le peuple afin de mieux s’accaparer ses biens. C’est une honte de demander à ses concitoyens de retourner à la dictature. Qu’est-ce que la dictature apporte aux pays comme le Tchad, les deux Congo, le Togo, le Burundi ? La désolation et la souffrance de ces peuples malgré les nombreuses richesses dont disposent leurs pays respectifs. Avec la dictature, la notion de l’Etat et les droits humains disparaissent. La volonté d’un seul homme prime sur l’intérêt général. Les béninois tentent encore difficilement d’oublier ce passé douloureux. Mais s’il y en a qui aimeraient encore vivre sous la dictature, leur place ne se trouve plus sur la terre de nos aïeux. Ils peuvent traverser les frontières pour aller revivre cette ignominie ailleurs
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