A quand la sortie de la crise née de la généralisation des mouvements de grève depuis bientôt trois mois ?Bien malin qui pourra le dire ! Quand on interroge les responsables des différentes centrales syndicales, à la suite de l’annonce du paiement intégral des salaires du mois de mars, leur réponse ne souffre d’aucune ambiguïté.
Pour Noël Chadaré, secrétaire général de la Cosi,l’une des centrales les plus influentes du secteur de l’Education, ‘’la défalcation n’est pas la raison principale du déclenchement de la grève.Les revendications étaient déjà sur le tapis quand le gouvernement a choisi de faire des défalcations sur les salaires du mois de février. Nous ne sommes pas des va-t’en guerre ‘’, poursuit-il.’ Ce que nous voulons du gouvernement, ce sont des engagements fermes sur un échéancier clair et précis sur la manière dont il entend répondre à l’ensemble de nos revendications. Tout est négociable, y compris la rétrocession des sommes défalquées sur le salaire de février ». A en croire Chadaré, la plupart des centrales syndicales à l’exception de la cstb proche du parti communiste,partagent cette position et le gouvernement le sait.Cette analyse est partagée par une large frange de l’opinion car à observer de près les actes que posent les responsables au plus haut niveau de l’Etat, il apparaît de plus en plus clair que le gouvernement n’est pas dans une posture de sortie rapide de crise. Il joue à fond la carte du pourrissement, dans le seul but de discréditer les responsables syndicaux et d’en finir avec les mouvements de grève ici et maintenant.
Tout le monde se rappelleque c’est après le vote de la loi sur le retrait du droitde grève que toutes les confédérations syndicales ont, soit décidé d’entrer en grève (c’est le cas des magistrats) soit durci leur mouvement de débrayage en cours, comme c’est le cas des agents du secteur de la santé.Tous ces mouvements auraient pu prendre fin dès la décision de la cour.Dans un premier temps, Talon et son gouvernement se sont braqués et au cours des longues palabres avec les centrales syndicales et les confessions religieuses, il a donné l’impression de ne rien lâcher sur la question du droit de grève. La tension est montée d’un cran par la suite, lorsque le gouvernement a décrété l’illégalité de la grève etprocédé à des défalcations les jours de grève sur les salaires du mois de février. Cela a eu pour conséquence de durcir les mouvements de débrayage.Les deux séances de négociation avec les ministres en charge du Dialogue social ont toutes buté sur la question des salaires défalquées. La Cstb, le syndicat le plus radical a même fait de la rétrocession la condition sine qua non de la reprise de toute négociation.C’est alors que le gouvernement devant la détermination des centrales a préféré la fuite en avant :à savoir diviser les centrales en tentant de susciter des défections de certains syndicats de base et communiquer abondamment dans la presse sur les reprises des cours entre autres.
Comme tout cela ne prend pas, le gouvernement Talon s’est vu contraint de lâcher du lest en décidant de renoncer à la défalcation sur les salaires du mois de mars.Une capitulation en forme de rétropédalage qui ne dit pas son nom, d’autant qu’il avait clamé par le passé le contraire. Mais ici encore, il joue la carte de la division .Tous les travailleurs des secteurs de la santé et de l’éducation ont perçu leurs salaires du mois de mars intégralement, à l’exception de la corporation des magistrats considérée à tort ou à raison comme le noyau dur de la grève. Ce faisant, le gouvernement ne fait que différer la sortie de crise et on se rend compte que toutes ces manœuvres ont un double objectif : affaiblir définitivement le mouvement syndical et présenter le président Talon comme le chef de l’Etat qui, contrairement à ses prédécesseurs, ne cède pas devant le ‘’diktat’’ des syndicats.Un entêtement inutile, dommageable pour tous les secteurs de la vie sociale paralysés depuis des mois.
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