Le député Dakpè Sossou a fait une sortie le samedi 14 avril 2018, sur la télévision TVC, quelques heures seulement après la naissance de la Coalition pour la défense de la démocratie. Son objectif : dénigrer non seulement les initiateurs de ce mouvement, mais aussi annoncer que le Président Patrice Talon fera un mandat de 7 ans, après celui en cours actuellement à la tête du pays. Ces propos suscitent des interrogations sur les réelles motivations du député de Lokossa.
« Ils veulent empêcher Talon d’avoir la majorité. Mais eux-là, quand Talon n’aura pas sa majorité, qu’est-ce que ça va leur donner. Ça va leur permettre de faire quoi, de prendre le pouvoir ? Non ! Ils ne pourront pas prendre le pouvoir. Pas avant 5 ans. Après les 5 ans, Talon aura 7 ans. Il finit son mandat, il sera réélu pour 7 ans. Ne cherchez pas maintenant à savoir. Je ne dis pas que le mandat unique reviendra. Mais je vous le dis, il y aura d’autres changements après les 3 ans ».
C’est en substance les propos tenus par Dakpè Sossou, au cours de l’interview qu’il a accordée à la chaine de télévision. En tant que député, il a la connaissance des lois en vigueur en République du Bénin, notamment la constitution du 11 décembre 1990 qui dispose que le président de la République a un mandat de 5 ans, renouvelable une ‘’seule’’ fois. Jusqu’à ce jour, la constitution béninoise n’a pas subi une quelconque modification pour que le député de Lokossa parle aux béninois d’un mandat 7 ans au profit du Président Patrice Talon après 2021.
Dakpè Sossou a pleinement le droit de souhaiter et d’œuvrer ardemment pour un second et dernier mandat du chef de l’Etat. Mais il est inconséquent qu’il tienne des propos séditieux et anticonstitutionnels à l’endroit du peuple béninois qui ne demande qu’à vivre dans la paix et la quiétude. Le Président Talon a officiellement déclaré devant la nation, qu’il ne fera qu’un seul mandat de 5 ans, un engagement solennel qui ne doit pas être remis en cause si l’homme est véritablement sincère avec lui-même, et envers le peuple béninois. Dakpè Sossou était-il un envoyé spécial du Président Talon pour faire une telle déclaration et préparer l’opinion à accepter à l’avenir un plan machiavélique de mandat unique cher à lui ? Si ce n’est pas le cas, le chef de l’Etat doit rapidement réagir pour rappeler ce député à l’ordre et apaiser les béninois. Car ces propos surprenants et indignes d’un député de son rang méritent des sanctions de la part du président de la république.
Ce dernier a certes, besoin de soutien, mais pas de celui d’un député agitateur qui cherche à l’opposer à son peuple. La constitution et les lois sont faites pour être respectées, les premiers à se conformer à cette exigence sont sans nul doute les dirigeants à tous les niveaux, notamment les députés. Et lorsque l’un d’eux tient des propos qui violent la loi fondamentale du pays, l’on se demande s’il a sa place au sein de l’hémicycle. Il ne suffit pas seulement de vouloir faire plaisir au chef de l’Etat en tenant des propos qui mettent à mal tout un peuple. Le Président est plutôt en quête d’idées novatrices qui lui permettront de capter des financements, afin de réaliser les vastes et innombrables projets contenus dans le Programme d’action du gouvernement (Pag). Le député Dakpè Sossou a fait preuve d’une bassesse politique et d’une myopie intellectuelle, qui constituent des contre-valeurs pour la nation.
Dakpè Sossou sur les traces de Fatoumata Amadou Djibril
C’est un secret de Polichinelle de dire que Madame Amadou Fatoumata Djibril, alors ministre dans le gouvernement du Président Yayi Boni, avait aussi à l’époque prononcé des paroles de cette nature pour dire que le peuple allait décider d’un 3e mandat au profit du chef de l’Etat. Ces propos avaient suscité un tollé général, et ont fait l’objet d’une décision de condamnation par la Cour Constitutionnelle.
Madame Fatoumata Amadou Djibril a finalement été écartée du gouvernement par le Président Yayi Boni. Aujourd’hui, c’est le député Dakpè Sossou qui lui emboite le pas dans cette dérive qui écorche l’image du Bénin en matière de respect des règles juridiques et démocratiques. Ces écarts de langage sont devenus légion dans la bouche des partisans du pouvoir en place, et surtout des députés du Bloc de la Majorité Parlementaire. Des députés qui pour la plupart sont des transfuges de l’ancien régime de Yayi, et qui sans vergogne s’affichent comme les véritables soutiens de Talon. Le chef de l’Etat doit alors se méfier de ces marchands d’illusions, qui n’ont nulle part où atterrir.
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