Dans un discours prononcé lors de la retraite annuelle des leaders du 9 mars 2019, le général Paul Kagame aurait réussi à revisiter à son avantage un livre de Gérard Prunier, critique français du régime de Kagame. Il Expliquait à cet effet que les velléités de déstabilisation de l’Ouganda dataient des années 90 et que si par exemple l’opposant Seth Sendashonga avait perdu la vie c’est parce qu’il avait choisi de mauvais partenaires ; qu’il avait pactisé avec l’ennemi.
Un avertissement à peine voilé…
Dans son livre, Du génocide à la guerre continentale, Prunier écrivait qu’il avait rencontré Seth Sendashonga à Nairobi, au Kenya, en 1998, en présence d’officiers militaires de haut rang ougandais. Des officiers militaires ougandais qui se disaient prêts à apporter à Sendashonga tout le soutien dont il avait besoin pour se débarrasser du régime de Kagame au Rwanda.
Mais le passage que le président Paul Kagamé aurait trouvé le plus intéressant était celui qui stipulait ; « c’est la raison de la mort de Seth Sendashonga, parce qu’il avait franchi la ligne tracée par le gouvernement rwandais ». Une déclaration explosive, car face à une accusation aussi directe, le président rwandais était certainement la dernière personne dont on se serait attendu qu’elle dise ; « il y a des éléments de vérité dans ce qu’écrit Prunier ». Le Président Kagame montrant ainsi qu’il ne craignait rien et que par conséquent c’étaient ses détracteurs eux qui devaient s’inquiéter.
Un avertissement direct, presque frontale jetant aux orties la retenue due à sa fonction ; Kagame voulait que le message soit clair et si d’aucuns avaient été froissés ; « je ne vais pas m’excuser à ce propos » concluait-il.
Des propos qui suscitent de vives réactions
La classe politique opposée au régime de Kagamé, n’a pas manqué après cet ‘’aveu’’ du président de crier à l’indécence et d’appeler à la justice. Les opposants reconnus et encore vivants, puisqu’ils avaient seulement eu droit eux à quelques années de prison ; tels que Victoire Ingabire ou encore Bertrand Ntaganda appelèrent la communauté internationale à ne point fermer les yeux sur de telles déclarations et à initier une enquête internationale.
Seulement, parce qu’il a aidé à mettre un terme au génocide, Paul Kagame est vu comme un héros et son pays en renaissance est présenté comme un modèle de développement pour l’Afrique ; stable, axé sur les entreprises, en croissance rapide, respectueux de l’environnement et pratiquement exempt de corruption.
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