L’amour du pays est le fondement de l’engagement politique ; il est le socle de toute volonté politique et la boussole des actes juridiques et politiques. La majorité de ceux qui soutiennent Patrice Talon a soutenu Boni Yayi, et nous savons leur prédation et leur cupidité. Nous avons décrié le populisme de Boni Yayi et la fanfaronnade de ses thuriféraires. Nombreux sont ceux qui traînent des casseroles et vivent honteusement leur législature d’honorable. Il semble bien que ces députés de la mouvance présidentielle tiennent absolument à revenir au Parlement sans concurrence. Cette Législature reste dans sa logique d’institution de petits esprits.
On peut soutenir Patrice Talon sans lui constituer un talon d’Achille. Notre Président de la République, compétiteur né, désire des élections législatives inclusives et compétitives. Malheureusement, les partisans du Président de la République sont pitoyables d’esprit et ne pensent qu’à eux-mêmes. Il est vrai que la politique chez nous, au Bénin, est une vache à lait. Mais c’est peut-être parce qu’ils n’ont jamais connu le chaos qu’ils sont si sinueux et tortueux ! Notre peuple n’est pas totalement pacifique. Cette crise politique ne profite à personne et surtout pas à Patrice Talon.
Son bilan à mi-parcours est bien moyen, il suffit de parcourir les périphéries des villes du Bénin, de visiter les villages et d’aller questionner le quotidien du Béninois moyen pour se rendre compte de la misère ambiante. Il y a encore beaucoup à faire ! Pour l’instant, il y a trop de politique politicienne qui se joue et étouffe l’essentiel, mieux la politique politicienne est à son paroxysme à l’heure actuelle. Et le plus cruel est l’imperméabilité de nos acteurs politiques de tous bords politiques. Ils vivent comme s’ils sont les seuls à exister, à manger, à respirer et à vivre. Comme si le pays leur appartient à eux seuls. Nous avons compris depuis que le Bénin est considéré comme un gâteau, mais, en ces derniers jours, il est simplement devenu un chocolat ! Le gâteau se coupe et se découpe à de grandes occasions ; par contre, le chocolat se déguste même sur les bancs d’un Parlement !
Comme si le pays leur appartient à eux seuls. Nous avons compris depuis que le Bénin est considéré comme un gâteau, mais, en ces derniers jours, il est simplement devenu un chocolat ! La gâteau se coupe et se découpe à de grandes occasions ; par contre, le chocolat se déguste même sur les bancs d’un Parlement !
Le consensus se réalise pour deux camps opposés dans un pays et non au sein d’un même camp ! Le consensus porte l’esprit de la loi et nous évite l’extrémisme de la lettre de la loi. Nous n’avons pas la solution à cette impasse politique, néanmoins nous invitons les hommes politiques et leurs universitaires à ne pas profiter de cette impasse politique pour assujettir davantage le pays. On ne joue pas avec la justice et la paix ; on ne tourne pas dos à la vérité et à l’amour patriotique ! Il nous semble que depuis, en amont, plusieurs lois votées sous ce quinquennat porte des germes d’exclusion. L’exclusion conduit malheureusement à la violence ! Dans notre ouvrage, La soif du pouvoir, nous évoquions la politique du dénigrement comme une plaie de la vie politique béninoise. Aujourd’hui, nous glissons progressivement vers la politique de l’exclusion. Cela arrive parce que notre démocratie n’en est plus une, elle est devenue de façon obvie une démocrature, c’est-à-dire une parodie de démocratie coulissant vers la dictature ! Les hommes politiques et les acteurs des institutions de la République, en se servant eux-mêmes ou en servant Patrice Talon, ont probablement poussé un peu trop loin leur ego et leur dévouement politique. Sans doute qu’il y a actuellement une morbidité des ambitions, des esprits et des motivations. Les postures des uns et des autres ne démontrent pas le contraire. Dommage qu’ils cherchent à faire mal connaître le Bénin, pourtant berceau de la démocratie en Afrique !
Malheur et bonheur cohabitent souvent, mais le bonheur personnel active le malheur de l’autre, déjà au plan personnel. Imaginons si cela se produit au plan communautaire tel que nous le voyons aujourd’hui. L’esprit de fermeture et d’exclusion tend à prendre la place de l’esprit de consensus hérité de la conférence nationale de 1990. Nous avons de la peine, de la tristesse parce que les acteurs politiques manquent d’élégance ; ce qui signifie que l’élégance de Patrice Talon n’est pas encore contagieuse ! A force de rechercher à tout prix et, sans concurrents politiques, une majorité présidentielle, il y a une poudrière qui se forme dans les cœurs sans une entreprise formelle. On connaît le début de la violence, mais on ignore la fin de sa spirale.
Abbé Arnaud Eric AGUENOUNON
Ecrivain-essayiste
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