Au cours de son entretien télévisé dans la soirée du jeudi 11 avril 2019, le chef d’Etat béninois, président Patrice Talon, a reconnu que tenir les législatives 2019 seulement avec ses deux blocs jette du discrédit sur la démocratie béninoise. Mais il se dit prêt à l’assumer. Il ne pense pas explorer les pistes à lui proposer pour ouvrir la compétition.
C’est sans ambages. Même s’il aurait souhaité théoriquement des élections ouvertes à tous les partis politiques ayant manifesté la volonté d’y participer, le président Talon ne promet plus rien pour que les législatives du 28 avril 2019 le soient. Elles auront lieu entre ses formations politiques. Ce sera sans celles de l’opposition et mêmes celles qui le soutiennent, mais qui ont décidé de garder leur autonomie en termes de partis.
Le chef de l’Etat reconnait que de telles élections portent un certain discrédit. «Ce qui se dessine n’honore pas l’image de la démocratie béninois […] Aller aux élections avec cette image qui ne nous honore pas tant, je le reconnais ; qui jette un peu la suspicion sur moi, je l’admets.» affirme-t-il. Mais il veut bien porter une telle image. «J’ai déjà porté beaucoup de chapeaux. Je suis prêt à porter encore ce chapeau, ce n’est pas un problème […] Je l’accepte, je veux bien assumer cela […] Je veux bien le faire» a-t-il martelé.
Une ordonnance, un coup d’Etat
Pour cela, le président de la République rejette certaines propositions qui lui ont été faites notamment celle liée à la prise d’une ordonnance. Il renvoie toujours la balle à l’Assemblée nationale. A ses dires, il est question de se conformer au fait que le parlement n’ait pas pu trouver le consensus autour d’une loi dérogatoire, modificative, afin d’avoir des élections inclusives. «Si le Parlement décide de remettre en cause la Charte et le nouveau Code électoral, je vais me conformer, on va se conformer tous».
«Je n’ai pas le pouvoir pour prendre une ordonnance pour dessaisir le Parlement de ses prérogatives. Et surtout pas en matière électorale», insisté Patrice Talon. «Ce serait un coup d’Etat, contraire à la Constitution» dit-il. Il défend qu’«on ne prend pas une ordonnance pour fixer un nouvel ordre politique». A l’en croire, c’est pour la mise en œuvre du programme d’action du gouvernement, et ce, en cas de blocage, que la Constitution le lui permet.
Prenant même seulement le cas de blocage, le chef de l’Etat estime qu’il n’y en a pas eu dans le cas d’espèce. «Ce n’est pas parce que ce qui se passe n’honore pas l’image démocratique du Bénin que cela constitue un blocage du fonctionnement démocratique du pays. Pas du tout». Il ajoute: «Les institutions ne sont pas bloquées, le Parlement n’est pas bloqué. La commission des lois a fonctionné. Les débats ont eu lieu, les votes ont eu lieu».
Eventuellement 2023
Visiblement, pour le président Patrice Talon, il n’y a plus rien, ou pas grande chose, à espérer en termes d’ouverture des législatives 2019 à d’autres partis. Il les renvoie déjà, éventuellement, à d’autres élections où ils auront l’occasion, dit-il, «de revenir au Parlement peut-être de manière plus forte». «Dans quatre ans, nous aurons à nouveau des élections législatives. Je pense que la réforme aura fait son chemin et que les uns et les autres auraient pris le train en marche» affirme le président de la République.
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