Le président de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) se prononce sur les trois ans de gestion du président Patrice Talon, dans le secteur de la justice. Marc Robert Dadaglo, n’a trouvé qu’un seul point positif. Le reste, «le secteur de la justice a été sérieusement malmené depuis 2016».
Reçu dans la rubrique «l’invité du jour» de soleil Fm, le patron de l’Unamab reconnait que «dès 2016, le gouvernement de la rupture s’est attelé au renforcement des effectifs des cours d’appel». Ce qui, à l’en croire, a permis de redonner vie aux juridictions. «Les juridictions ne fonctionnaient plus parce que beaucoup de magistrats sont allés à la retraite ; certains sont allés à la Cour suprême» se rappelle-t-il.
En termes d’actes concrets relatifs à ce renforcement d’effectif, le magistrat évoque le cas de la Cour d’appel de Cotonou et ceux de Parakou et Porto-Novo. Il y a eu également, avoue-t-il, le recrutement de 77 auditeurs de justice qui sont actuellement en formation. Quatre vingt autres sont annoncés. «C’est ce que nous pouvons retenu comme point positif» confie-t-il.
Le système judiciaire «désorganisé»
Tous les autres actes du gouvernement de Patrice Talon ont eu un impact négatif sur la justice béninoise, d’après le président de l’Unamab. Pour preuve, selon lui, la modification de l’organisation judiciaire à travers la création et l’installation des juridictions d’exception dont la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) et le Tribunal de commerce, accompagnées du traitement discriminatoire des magistrats.
«La CRIET aujourd’hui, c’est une institution abominable ; il y a beaucoup de dispositions constitutionnelles qui ont été violées ; les nominations dans ces institutions n’ont pas respecté les principes les plus élémentaires», rapporte Marc Robert Dadaglo. Il mentionne également la modification de la composition du Conseil supérieur de la magistrature dominé désormais par les membres du gouvernement et personnalités nommées par le chef de l’Etat. Tout ceci, à l’en croire, «a désorganisé tout le système (judiciaire)».
La finalité
Cette désorganisation, dénonce le président de l’Unamab, était « suivi d’un acharnement et d’une pression sur les magistrats ». L’objectif, c’est de « pouvoir écraser les magistrats » et d’«imposer sa dictature» note-t-il. «Désormais, c’est la vassalisation totale de la justice […] Je peux dire que c’est du terrorisme sur les magistrats » affirme Marc Robert Dadaglo au micro de soleil Fm.
Surprise
C’est un système qui a surpris non seulement les magistrats mais aussi l’ensemble des travailleurs du Bénin, confesse le président de l’Unamab. Selon lui, personne ne s’y attendait, vu le système démocratique en place depuis 1990 au Bénin et qui a permis l’élection démocratique de Patrice Talon.
« On s’attendait à ce qu’il applique la Constitution, mais du jour au lendemain, on a commencé par s’écarter de notre constitution » dénonce le magistrat. «Aujourd’hui, on a compris que c’est un pouvoir totalitaire […] Voilà là où nous en sommes » regrette le président de l’Unamab.
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