L’ex-premier ministre béninois sous le régime du président Boni Yayi et candidat à la présidentielle de 2016 au Bénin, est déclaré coupable d’usage de faux et dépassement de frais de campagne par le tribunal de première instance de Cotonou, ce vendredi 2 août 2019. Lionel Zinsou est condamné à 5 ans d’inéligibilité aux élections à venir au Bénin. Dans une interview exclusive par courrier électronique à La Nouvelle Tribune, il livre à chaud sa première réaction.
Le tribunal de Cotonou vient de vous condamner à 5 ans d’inéligibilité à une élection, à 50 millions d’amende et à 6 mois d’emprisonnement avec sursis. Vous ne devez pas en être surpris puisque vous avez prédit ça. Qu’en dites-vous ?
Vous avez raison. Je ne suis pas surpris. Ce n’était pas une prédiction de ma part, c’était une information très sérieuse. J’ai connu le jugement avant que les juges ne connaissent la cause. Mais chacun peut cependant rester très étonné de voir les droits humains, les libertés publiques, la sécurité des personnes et des biens disparaître aussi vite. Ce qui nourrit mon optimisme fondamental sur le Bénin, c’est la confiance que j’ai dans le jugement des citoyens et dans la clarté aveuglante de leurs réactions quand, à travers quelques uns, on les menace tous.
Allez-vous faire appel de la décision ?
Nous allons interjeter appel. Moins pour Lionel Zinsou qui n’est qu’un simple citoyen et un justiciable comme les autres, mais pour donner une chance à la vérité et au Droit.
Sur les chefs d’accusation du Procureur de la République, pourriez-vous nous dire un mot en dehors de ce qu’a dit Me Robert Dossou, votre avocat ?
Je comprends que les Avocats et bien des magistrats soient révoltés par ce que vit le pays. Mais, au risque de vous étonner, j’ai confiance dans la Justice de mon pays. Il y a une grande majorité d’hommes intègres. Ceux qui restent indépendants, avec grand courage, seront considérés comme des Justes et honorés de tous quand nous reviendrons à ce que le Bénin du renouveau démocratique avait construit.
Moi qui ne suis pas un homme de Loi, je peux bien confier que ce qui m’a étonné le plus, c’est que, dans la hâte, personne n’ait pu produire le faux dont on m’accuse. En effet le faux dont on m’accuse n’existe pas. Les comptes de campagne ont été déposés à mon insu par un Parti de l’Alliance qui souhaitait percevoir des remboursements de dépenses électorales. Le Greffe de la Cour Suprême a donc refusé mon dépôt. C’est pour cela qu’il n y a pas de pièce au dossier…
Il nous est revenu depuis un certain temps que vous craigniez d’être arrêté. Mais après le prononcé du jugement en première instance sans peine de prison ferme, envisageriez vous de rentrer prochainement au Bénin ne serait ce que pour voir votre famille que vous n’avez pas vue depuis lors ?
Ne croyez pas tout ce que l’on dit. Le Bénin est mon pays. J’y ai de nombreuses activités, des parents, des amitiés par milliers. Au risque de vous surprendre encore, je passe mon temps à me porter garant de la solidité du Bénin auprès des investisseurs, des bailleurs de fonds et des promoteurs de projets. Plus encore, chaque fois que le Président de la République m’a demandé en privé de le rapprocher d’un décideur, je l’ai fait. Je ne le regrette pas et encore aujourd’hui j’ai dit à des dizaines de personnes courroucées qui veulent du bien à notre pays : oubliez Lionel Zinsou, ne doutez jamais du Bénin.
Laisser un commentaire