L’érection d’un barrage par Addis-Abeba sur le cours du grand Nil Bleu continue de susciter des tensions avec Le Caire. Cette infrastructure surnommée le «Grand Barrage de la renaissance éthiopienne» est une pomme de discorde entre les deux pays. Les deux pays ne sont pas parvenus à une entente sur ce projet éthiopien hautement contesté par l’Egypte et qui pourrait entraîner un conflit armé entre les deux pays.
Alors que l’infrastructure est presque terminée, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi se rencontrent ce mercredi 23 octobre 2019 pour essayer de s’accorder sur la question. L’infrastructure contestée est réalisée au 2/3 et l’Ethiopie pourrait bientôt lancer le remplissage de son réservoir sans accord préalable avec l’Egypte. Ce qui entraînerait une baisse sensible des ressources en eau de l’Egypte. C’est pourquoi l’Egypte se veut ferme et prévient qu’elle ne laisserait jamais l’Ethiopie lui imposer une situation de fait en remplissant le réservoir du barrage sans accord.
Une atmosphère délétère
La rencontre de ce jour intervient dans une atmosphère très tendue entre les deux pays. Si l’Egypte est ferme sur sa décision de ne pas voir le lac-réservoir remplir sans un accord préalable, c’est parce que ce réservoir pourrait mettre sept années à se remplir, et que pendant cette période, les ressources en eau pourraient diminuer drastiquement en Egypte, exposant le pays à une grave pénurie d’eau. Les tentatives du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour faire intervenir un médiateur neutre dans la crise, notamment les Américains, les Russes ou encore la Banque Mondiale se sont heurtées au refus éthiopien.
Des Ethiopiens prêts à tout
Néanmoins, les Ethiopiens n’en démordent pas et comptent aller au terme de leur ambition, quelles que soient les conséquences. Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed l’a encore martelé hier mardi au cours d’une séance au Parlement. « aucune force ne pourrait empêcher l’Éthiopie de construire le barrage », affirmait-il. « Si nous devons entrer en guerre, nous pouvons mobiliser des millions de personnes. Si certains peuvent tirer un missile, d’autres peuvent utiliser des bombes », a-t-il déclaré aux députés de son pays le tout récent prix Nobel de la Paix.
Des propos en paradoxe avec la prestigieuse distinction qui auront surpris plus d’un.
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