Depuis hier se déroule à Sotchi au bord de la mer noire, le sommet Russie-Afrique. A l’instar de plusieurs autres chefs d’Etats d’Afrique, le président Patrice Talon y séjourne. Mais une autre voix alternative du Bénin est présente à ce forum. Il s’agit de Moïse Kérékou invité ès qualité de spécialiste des questions d’intégration africaine et de panafricanisme.
Restée en retrait de l’Afrique depuis la fin de la guerre froide, la Russie de Poutine entend ouvrir une nouvelle page de relation plus franche et dénuée de tout esprit paternaliste avec l’Afrique. A côté des chefs d’Etat, la Russie a invité d’autres voix du continent comme des spécialistes d’intégration économique, des responsables d’organisation non gouvernementale qui ont pion sur rue, des panafricanistes et même des leaders d’opinion parfois « indésirables ».
Kèmi Séba et Moïse Kérékou font partie de ces voix alternatives qui intéressent l’homme fort du Kremlin. Si pour le premier, l’invitation reste à confirmer, le second est lui invité officiellement par Anton Kobyakov, un conseiller du président Poutine.
Le choix du Kremlin sur ces deux personnalités provient, selon plusieurs sources, de leurs apports, surtout intellectuels, aux réflexions sur le développement et le rayonnement de l’Afrique. Car, précisent plusieurs sources, contrairement aux autres sommets où des dirigeants africains sont invités, Vladimir Poutine ne serait nullement guidé par une visée impérialiste.
Sa seule motivation, souffle-t-on, est de renforcer sa présence sur le continent en augmentant le poids des échanges avec son pays. « Pas d’intimidation », ni « d’aides conditionnées à des immixtions politiques ». La Russie entend être plus présent économiquement sur le continent avec l’augmentation de ses exportations et en y travaillant pour instaurer une nouvelle dynamique qui pousse le continent sur la voie du vrai développement. C’est à juste titre que ces deux béninois sont invités. Tous deux panafricains et jeunes, ils diffèrent l’un de l’autre par la méthode et le discours.
Alors que Kèmi Séba prône un panafricanisme des peuples basé sur la rébellion immédiate à toutes les institutions et tous les pouvoirs avec un discours agressif et des joutes oratoires vindicatives, Moïse Kérékou postule un panafricanisme plus policé et plus scientifique basé sur la raison, le renforcement et une nouvelle gouvernance des institutions régionales et panafricaines.
Diplômé de Sciences politiques, il est l’auteur de l’ouvrages très célèbre « Union Africaine et processus d’intégration » qui a reçu en mars dernier à Paris le prix Turgot du livre économique de la francophonie. Ce livre analyse les faiblesses de l’Union Africaine. Pour lui, l’institution panafricaine a besoin d’un nouveau souffle grâce à des réformes qui doivent affecter à la foi son fonctionnement que sa vision. Il propose que les textes de l’organisation afin qu’elle puisse prendre les décisions à partir d’une majorité simple et que la nomination d’une personnalité de grande expérience et de réputation mondiale à sa tête.
Ancien ambassadeur du Bénin près de la Turquie, bon stratège et expert en relations internationales, Moïse Kérékou est aujourd’hui la coqueluche de plusieurs institutions à travers le monde. Son capital d’estime qui ne fait que monter au plan international a séduit une organisation de la diaspora africaine dans l’Amérique du nord qui l’a nommé en août dernier administrateur de la Maison du savoir et des opportunités(Mso) un fonds d’investissement pour les jeunes entrepreneurs africains. Son invitation à Sotchi n’étonne guère et est dans la droite ligne de l’ascension internationale de l’homme.
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