Après la révision de la Constitution béninoise, les spécialistes du droit s’expriment. Invité hier dimanche 10 novembre sur l’émission Sans Langue de bois de Soleil Fm, le professeur Ibrahim Salami a livré sa lecture de la nouvelle version de la loi fondamentale. Il a d’abord critiqué la procédure d’urgence utilisée par les députés pour parvenir à la modifier.
A l’en croire, la procédure de révision de la Constitution est une procédure spéciale. « La procédure d’urgence était logée dans la rubrique des lois ordinaires et donc en tant que tel, c’est en matière de loi ordinaire qu’on pouvait aller en procédure d’urgence » a clarifié l’universitaire. Quant aux élections générales, il pense que le constituant de 1990 avait organisé les échéances électorales de sorte que l’Assemblée nationale serve de contrepoids au pouvoir exécutif.
Les risques des élections couplées
« Quand on va avoir des élections couplées, on a plus de chance d’avoir un parlement qui est de la même obédience que le chef de l’Etat » estime l’agrégé des facultés de droit de l’Université d’Abomey-Calavi. Nous aurons un régime qui renforce les pouvoirs du chef de l’Etat parce que la plupart des membres des institutions de la République sont désignés par le président et le bureau de l’Assemblée nationale. Si ce bureau est de la même chapelle politique que le chef de l’Etat, le pouvoir de celui-ci se trouvera renforcer, poursuit Ibrahim Salami.
L’autre nouveauté de la constitution béninoise, c’est le poste de vice-président qui a été créé. Pour l’universitaire ce vice-président est institutionnellement insignifiant tant qu’il est VP. « Il est là en attendant que malheur arrive pour son bonheur. Il n’a pas le pouvoir du dernier des ministres. C’est un élu national oisif » analyse Me Salami. L’homme va plus loin en faisant remarquer que ce vice-président n’est même pas reconnu par la Constitution comme un élu de la nation.
« Il peut exercer une magistrature d’influence«
Bien qu’il tire sa légitimité des urnes, la loi fondamentale dit clairement que le chef de l’Etat, est l’élu de la nation. L’universitaire met tout de même un bémol à son analyse. Il fait savoir que la constitution a beau dire qu’il n’a pas de pouvoir mais il « peut exercer une magistrature d’influence ». L’ultime innovation majeure de la nouvelle version de la constitution, c’est le parrainage des candidats à la présidentielle.
il « peut exercer une magistrature d’influence »
L’enseignant pense que c’est pour éliminer les candidatures farfelues. Cependant, ce parrainage peut créer des difficultés selon lui. « La première difficulté est dans le texte. L’autre, dans le contexte ». Le texte aurait pu préciser les élus qui accorderont leur parrainage, selon Ibrahim Salami. Si ce n’est que les députés, ce serait un nouveau verrou pour empêcher les candidats ne se réclamant pas de la mouvance de postuler à la fonction présidentielle, alerte l’invité de Soleil Fm.
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