Hier, les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattarra étaient réunis afin d’annoncer la fin du Franc CFA ainsi que la création d’une nouvelle monnaie qui sera adoptée dès juillet 2020 par huit pays africains, membres de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA). Une annonce qui marque un tournant dans les relations entre la France et le continent africain.
Interrogé par RFI, le ministre français de l’économie Bruno le Maire a tenté de rassurer les marchés et les sceptiques après cette annonce qu’il a lui-même qualifié d’historique. Dans les faits, l’arrivée de l’ECO permettra aux pays africains concernés de ne plus déposer 50% de leurs réserves dans un compte spécial mis en place et déployé par le Trésor français. De quoi leur assurer une nouvelle autonomie monétaire et mettre fin à ce qui a longtemps été perçu comme du « post-colonialisme ». En revanche, la parité de change fixe entre l’ECO et l’euro sera conservée afin de ne pas dérégler les marchés et garantir une certaine stabilité, notamment pour les détenteurs de Francs CFA qui se poseraient la question de la perte au change.
Bruno Le Maire rassure et apporte des garanties
Ainsi, dès le mois de janvier 2020, les nations concernées pourront retirer les réserves stockées au sein du trésor français. Le compte spécial mis en place par la France sera définitivement clôturé à partir de juillet de la même année, date à laquelle l’ECO doit officiellement entrer en vigueur. Une transition rapide mais douce et bien étudiée, qui permettra notamment d’éviter le retour de l’inflation. De quoi attirer de nouveaux investisseurs. En effet, la stabilité monétaire recherchée va permettre d’attirer de nouveaux investisseurs et permettre de valoriser une zone monétaire qui cherche à se développer.
La France, une « garantie en dernier ressort »
La question du rôle de la France se pose toutefois. En effet, pour certains, il est toujours difficile de comprendre pourquoi l’hexagone a accepté de se porter garant et proposer les mêmes garanties qu’avant aux nations de l’UMOA alors que les règles sont en train d’évoluer. Une question à laquelle Bruno Le Maire a apporté une réponse assez précise, estimant qu’il s’agissait surtout d’une porte de secours en cas de crise de change. Une « garantie en dernier ressort » comme il l’explique lui-même, ajoutant que la France, malgré ce dernier lien, ne sera plus représentée autour des tables de discussions et de négociations.
Si des échanges continueront de s’effectuer entre les partenaires, Paris n’aura donc aucun droit de regard sur la façon dont sera géré l’ECO. Enfin, en cas de crise au sein de la zone de l’UMOA, la France et les nations de la zone Franc ont convenu d’un mécanisme bien précis supposé maintenir à flot les principaux concernés. Toutefois, le ministre français de l’Économie semble penser que rien ne puisse venir s’interposer entre les États de l’UMOA et l’ECO, les acteurs engagés ayant réussi à faire le lien entre décisions radicales et gage de stabilité.
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