La convention mettant fin au franc Cfa dans l’Uemoa est une bonne nouvelle pour l’éminent professeur de Sciences Politique et économique à l’université de Princeton (USA) Léonard Wantchekon. Il l’a fait savoir dans une interview accordée au journal Fraternité. Pour cette éminence grise le système colonial ou post colonial était discrédité donc tout progrès est à saluer.
Cependant, il est important de comprendre les motivations de cette nouvelle donne et ce qui va réellement changer, pense le Professeur. Signalons que cette convention qui met fin au franc Fcfa a été signée en Côte d’ivoire le 21 décembre 2019 à l’occasion de la visite du président français Emmanuel Macron dans le pays.
Cet accord ne concerne que les pays de l’Union économique et monétaire ouest africaine (uemoa). On se demande si les 8 pays de cet espace économique n’ont pas coupé l’herbe sous le pied de la Cedeao qui avait déjà un projet de monnaie commune appelée Eco. Pour le professeur Wantchekon cette question est légitime.
La parité fixe sera « peut-être un point de discorde au niveau de la Cedeao »
« Dans un certain sens, c’est un peu comme si les pays francophones organisés au sein de l’Uemoa sont en train de prendre une décision collective pour négocier le poids de leur monnaie dans les réformes monétaires en cours, notamment avec le Nigéria et le Ghana. Cela se comprend, parce qu’ils étaient tous liés par une monnaie commune » a-t-il déclaré. Il craint cependant une réticence des pays comme le Nigéria et le Ghana, parce que la France continue de peser énormément dans la création de la monnaie unique de la Cedeao.
ECO : La souveraineté monétaire n’aura pas lieu et l’arrimage à l’Euro est incontournable
La question de la parité de l’Eco avec l’Euro sera peut-être « un point de discorde au niveau de la Cedeao (…) parce que les monnaies des autres pays sont flexibles à l’instar du (Naira et du Cedi)» suppose M Wantchekon. En ce qui le concerne, il fait savoir qu’il ne s’est pas laissé convaincre par les raisons avancées pour justifier la parité fixe de l’Eco.
« On devrait être en mesure de tourner dos à la parité fixe «
« Si vous prenez par exemple le Nigéria, le Ghana, l’Ouganda et le Mozambique, leurs monnaies n’ont pas de parité fixe et ne sont pas directement liées au dollar ou à l’euro. Ils ne semblent pas plus vulnérables à l’inflation que les pays francophones. Donc on devrait être en mesure de tourner dos à la parité fixe et de limiter l’inflation » a-t-il fait savoir. Ce qui est sûr , poursuit l’éminent professeur de la Ivy League, il n’y aura pas une parité fixe au niveau de la monnaie commune de la Cedeao.
Ce sera flexible jusqu’à un certain degré, car les autres pays de la sous-région ont déjà ce régime. Le problème fondamental que le Cfa posait, c’est que cela ne facilitait pas les rapports économiques des pays africains vers des pays autres que la France. Il était difficile pour un producteur du Bénin ou de la Côte d’Ivoire d’avoir accès au marché mexicain ou indien par exemple, explique-t-il.
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