On l’oublie souvent, mais avant d’être président de la République du Bénin (2006-2016), Boni Yayi était patron de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) et de surcroît docteur en économie. Il nous le rappelle dans une tribune publiée hier soir dans le quotidien le Monde Afrique. Loin de la guerre d’opinion que se livrent Romuald Wadagni et Tidjane Thiam, Boni Yayi présente un raisonnement fondé sur l’urgence de mobiliser de nouvelles ressources pour permettre à l’Afrique de financer la riposte contre la crise engendrée par le coronavirus.
Des DTS de 114 milliards d’euros
Il suggère donc au Fonds Monétaire International (FMI), d’émettre « des droits de tirage spéciaux (DTS, l’actif de réserve international du Fonds), à hauteur de 114 milliards d’euros qui correspondent aux besoins du continent africain, selon les indications fournies par la directrice générale du FMI, pour permettre à l’Afrique de faire face le plus rapidement possible à l’impact négatif de cette crise sanitaire ». L’ex locataire du palais de la Marina rejoint sur ce point le ministre béninois des finances. Dans une récente intervention sur TV5 Monde , Romuald Wadagni s’est en effet montré favorable de ces DTS plutôt qu’à un moratoire sur la dette africaine.
Boni YayI pense que cette assistance du FMI à travers l’émission de DTS peut être prise en charge par les banques centrales comme la FED, la BCE, la Banque centrale du Japon, la Banque centrale de Chine , décidées à appuyer les Etats africains pour juguler cette crise du Covid-19. « Cet appui permettra le renforcement des avoirs extérieurs des banques centrales africaines dont la capacité par rapport à leur engagement à vue ne permet pas de couvrir plus de quatre à cinq mois d’importations » a-t-il poursuivi.
La Chine sera t-elle prête à annuler la dette africaine?
En ce qui concerne le moratoire sur la dette africaine, Boni Yayi dit saluer l’initiative de l’Union africaine qui a mis en place un comité qui hormis la lutte contre la pandémie de Covid-19, « donnerait une impulsion à la requête des africains sur l’annulation de leur dette ». Il rappelle cependant que l’Afrique a déjà bénéficié d’une annulation de la dette des pays pauvres très endettés, dans les années 1990. Cette initiative a ouvert le champ au doute sur la solvabilité du continent.
Pour une seconde demande d’annulation de dette, l’ancien président béninois pense qu’il doit avoir des négociations au niveau des Etats, des institutions multilatérales et du secteur privé. Boni Yayi estime que les négociations sont possibles au niveau des Etats , mais il fait observer que ce sont les mêmes Etats créanciers qui alimentent les institutions multilatérales. L’homme se demande finalement si la Chine qui a 40% (360 milliards de dollars ) de la dette africaine est prête à l’annuler. De plus, en ce qui concerne le secteur privé, qui le remboursera, s’interroge l’ex numéro 1 béninois.
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