Après la sortie de son manifeste qui présente la situation socio-politique du Bénin depuis quatre ans, le Collectif pour l’ordre démocratique et républicain au Benin (CODER) a tenu, hier vendredi 24 juillet 2020 une conférence de presse en ligne. Il était question pour les membres du collectif résident ou non au Bénin de présenter l’esprit du manifeste envoyé à Talon et à tous les corps constitués, son contenu et les motivations des initiateurs. C’est Charles Ahouangbo Migan qui a planté le décor de cette vidéoconférence de plus de deux heures d’horloge. Selon lui, la parole se meurt au Bénin.
Les libertés individuelles sont cloîtrées. Mieux, il n’y a plus la possibilité de s’exprimer publiquement. C’est pourquoi, des citoyens béninois ont commencé par se concerter. Il en est sorti un projet d’expression qu’est le manifeste. «C’est le fruit d’une inquiétude par des Béninois de l’intérieur comme de l’extérieur quand ils constatent, depuis quatre ans, le recul de la démocratie dans leur pays », a renchéri maître Fatiou Ousman. Il va donc peindre un tableau sombre de la situation du pays.
Pour lui, les Béninois ne peuvent plus se retrouver à quatre sans être soupçonnés de formater un coup. Il estime qu’en quatre ans, le Bénin a perdu les bénéfices de ces trente dernières années. La réforme au niveau de la justice a engendré la politisation du Conseil de la magistrature. Et les magistrats ne sont libres. De sorte que le Bénin se retrouve avec une justice à double vitesse. Selon Fatiou Ousman, la Cour de répression des infractions économique et du terrorisme (CRIET) est un instrument d’acharnement sur ceux qui ne sont pas du côté du régime. Il a rappelé que des décisions de la Cour africaine des droits humains et des peuples (CADHP) ne sont pas respectées. Et les dirigeants actuels ont même retiré les citoyens du système qui leur permet de saisir la CADHP.
Des implications politiques
Pour sa part, Nourou Dine Saka Saley trouve que l’heure est grave et que la situation actuelle n’est pas l’affaire des politiques seuls. Car, les décisions politiques ont des répercussions sur chaque citoyen et dans tous les domaines. Et donc, il a indiqué qu’il faut saisir toutes les occasions pour crier le ras-le-bol. D’après lui, le Bénin est devenu le seul pays au monde qui se dit en démocratie mais où il n’y a pas de député de l’opposition à l’Assemblée nationale. Il note aussi une célérité dans la législation et aucun contrôle de l’action gouvernementale. A l’en croire, le rôle de l’Assemblée nationale est galvaudé. En plus, il constate une remise en cause de la gouvernance locale. Selon Nourou Dine Saka Saley, l’expérience du Grand Nokoué a commencé par à jeter les premiers coups de semence.
Le gouvernement s’est arrogé les attributions des communes. Il estime même que les députés sont coupables de délit d’initié. D’abord parce qu’ils ont attendus d’être seuls à l’Assemblée pour dire qu’ils doivent parrainer les candidats à la présidentielle. Et ce parlement n’est pas légitime. Ensuite, la loi a indiqué que les candidats pour l’élection présidentielle doivent requérir le parrainage des élus. Or, le Bénin a, aujourd’hui, deux types de maires : des maires nommés par les partis politiques et des hybrides. De sorte que même les conseillers sont de potentiels parrains. Nourou Dine Saka Saley va même plus loin pour dire que le président que sera issue de la présidentielle 2021 sera illégitime. Car, il va être parrainé par des élus illégitimes et des maires nommés.
Des perspectives
Face à ces tristes contacts, le Collectif pour l’ordre démocratique et républicain au Benin (CODER) a proposé des portes de sortie dans le manifeste. C’est à travers un mémorandum présenté par Célestin Zanou, l’une des signataires. Selon elle, le mot force de ce manifeste est le ‘’citoyen’’. Et le citoyen en symbiose avec l’Etat a des droits et des devoirs. Ainsi, ce manifeste est l’œuvre de Béninois révoltés mais épris de paix exerçant leur droit légitime de citoyen s’inspirant du passé. Ce sont des patriotes déterminés à agir pour l’intérêt général. Alors, ils demandent l’abrogation de toutes les lois liberticides et rétrogrades adoptées depuis 2016. Ils exigent le rétablissement des libertés publiques et Individuelles. Les signataires du manifeste demandent au président de la République d’organiser une Conférence Citoyenne Nationale. Cette conférence va réunir l’ensemble des forces vives du Bénin, ce avant le 31 août 2020, dont l’objet sera de rétablir l’ordre démocratique et républicain au Bénin.
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