Dans sa réponse à l’interview accordée par Talon à Jeune Afrique, l’ancien président Boni Yayi a affiché un désaccord net avec les réformes de son successeur à la tête du Bénin. «Je ne crois pas aux réformes personnelles qui instaurent la dictature et les conflits d’intérêts au sommet de l’Etat au profit d’une minorité, qui esclavagiste le Peuple », s’est fendu Yayi. Car, pour lui, «toute réforme sérieuse suppose la concertation, la co-construction et la codécision pour produire des fruits à court, moyen et long terme ».
Il trouve que pour un meilleur rendement sur les populations, les réformes doivent s’inscrire dans un cadre institutionnel comprenant les mesures, les règles, les organes de surveillance ou de contre pouvoir, des organes d’information et des organes de décision. Des réformes qui conduisent à des nominations des députés devant voter des lois et contrôler l’action gouvernementale, des nominations des maires devant animer la gouvernance locale pour contribuer à réduire les inégalités, n’ont pas leur raison d’être. Boni Yayi pense que «l’environnement actuel suscite des inquiétudes car dans ce processus, le peuple souverain a été privé de ses prérogatives constitutionnelles et légales plongeant notre pays dans une incertitude ».
Pour lui, on ne peut pas gérer la problématique d’une gouvernance locale sans décentralisation et d’une décentralisation sans gouvernance locale en dehors du peuple. Mieux, cette réforme partisane qui se refuse à reconnaître légalement le droit des citoyens à créer un parti politique d’opposition avec des projets de société responsables ne va conduit le Bénin nulle part. «Jusqu’où nous conduira encore l’entêtement à poursuivre les exclusions dans le code électoral qui ne reconnaît pas l’opposition et instaure des verrous pour aboutir à un parti unique avec comme candidat le chef de l’Etat, lequel se donne les moyens de choisir des faire-valoir à travers le parrainage à donner par les 160 élus nommés par le chef de l’Etat ? Pourquoi pas un parrainage démocratique donné par les populations ? », s’interroge Boni Yayi. Pour dire que cette réforme est mal pensée. Ceux qui l’ont instauré aurait pu parler d’un parrainage du peuple.
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