Dans son l’interview parue dans le numéro 3093 de Jeune Afrique du mois d’octobre 2020, le président Patrice Talon a fait remarquer qu’il s’attendait que les anciens présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi profitent de leur statut de quasi-intouchables pour être des recours en matière de conseils, de sagesse, d’arbitrage et d’expérience. Il trouve d’un mauvais œil que Yayi se comporte comme un compétiteur alors même qu’il n’est plus dans la compétition. Et donc, il souhaite que ces deux anciens présidents retrouvent leur rang et leur niveau, qu’ils se ressaisissent.
«Est-ce une menace de plus après tous les déboires contre ces derniers ? A nous de nous ressaisir ? C’est bien lui qui doit se ressaisir et accepter les contradictions constructives et la compétition car nous sommes du côté du peuple. Le Bénin appartient à nous tous », rétorque l’ex-chef de l’Etat Boni Yayi dans son texte publié par notre rédaction hier lundi 28 septembre. Comme pour dire, qu’il ne compte pas s’effacer de l’animation de la vie politique du pays. Dans son texte qui est une réaction par rapport à l’interview de Talon, Yayi relève qu’après qu’il eut passé la main à la tête du pays, il a effectué une «brève tournée les 6, 7 et 8 avril 2016, pour remercier les populations (à peine 3 jours) ».
Le silence de plus de 2 ans n’a rien empêché
Ensuite, il est rentré à Cotonou «pour une période de deux ans et demi (2 ans ½) dans un mutisme total ». Boni Yayi précise que cela «n’a pas empêché les persécutions, humiliations de tous genres contre ma personne, sans oublier mes parents et proches et certains collaborateurs obligés de lui faire allégeance sous peine de se retrouver en prison à l’appui des dossiers inventés ou à vérifier, stratégie ayant pour objectif de m’isoler des Ministres et députés encore dans mon entourage ». Et le point culminant est ce que vous connaissez en 2019 suite à l’exclusion de l’opposition des législatives. Mieux, il fait la confidence qu’après la médiation du président Alassane Ouattara, Talon de retour au Bénin a déclaré «qu’il n’y aura jamais de compromissions avec YAYI Boni ».
Yayi engagé pour un retour à la démocratie
Après, lui Boni Yayi a estimé que l’heure est grave et nulle part, la constitution ne l’empêche d’opiner sur «la gouvernance décevante des affaires de notre pays, pour son impact dévastateur sur le Peuple ». Alors, en sa qualité d’ancien président, son devoir est «d’éviter tout silence complice » car il est préoccupé de l’avenir de ce pays, de sa jeunesse, de ses enfants et petits-enfants. C’est pourquoi il a fait l’option conformément à la constitution de militer dans le Parti « Les Démocrates » «pour le retour de notre Démocratie de l’Etat de Droit et du respect des Libertés Fondamentales, gage de notre marche vers la Bonne gouvernance de nos affaires, laquelle détermine, la paix, la stabilité, la sécurité de tous, le développement et la prospérité partagée ».
L’exemple d’OBAMA aux Etats-Unis
En clair, Boni Yayi ne veut pas être mis au garage. Il veut continuer à participer activement à l’animation de la vie politique de son pays. Il veut continuer à faire part de ses analyses sur la gestion du Bénin. Et il estime que «si le président (Talon) estime que mon adhésion au parti « Les Démocrates » s’assimile à un comportement de compétiteur, que diraient alors les Américains du président Obama qui fait le tour de l’Amérique parce que convaincu que c’est dans un élan de démocratie et d’unité dans la diversité des projets de société qu’il dirige le parti « Démocrate » en Amérique et qu’il cautionne et parraine le candidat Démocrate, Joe Biden à la prochaine présidentielle américaine ». Alors, «ne tuons pas notre Démocratie ». «La fin de mandats ne signifie pas la mort ou la soumission si la gouvernance ne convient pas », soutient Yayi qui prévient «j’ai des Droits et j’en ferai usage. Je n’ai peur de personne sauf de mon Dieu qui m’a créé ». Le ton est donc donné pour une période pré-élection présidentielle 2021 bien animée.
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