Alors que le processus électoral est déjà enclenché depuis quelques jours pour la troisième édition des élections professionnelles au Bénin, le gouvernement de Patrice Talon multiplie les manœuvres pour changer les règles du jeu. A l’occasion d’un point de presse tenu ce mercredi 25 novembre 2020 à la Bourse du travail à Cotonou, la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) a fustigé l’introduction de deux arrêtés ministériels pour légaliser le vote électronique et l’intrusion de la CENA dans le processus électoral.
Le lundi dernier, la CSTB a fait une conférence publique pour dire officiellement qu’elle est engagée dans la campagne et qu’elle est partie pour gagner. Mais, il y avait un obstacle que les travailleurs devraient vaincre : c’était le vote électronique qui était en discussion. Un élément qui n’était pas prévu dans les textes signés en septembre et octobre 2020 par le président Patrice Talon et la ministre de la fonction publique Adidjatou Mathys. Mais, selon le directeur de campagne de cette confédération syndicale Julien Adjinda, après les dénonciations, le gouvernement s’est empressé, dans la soirée de ce mardi 24 novembre de prendre de nouveaux arrêtés pour codifier le vote électronique et l’implication de la CENA dans le processus. Autrement dit, le gouvernement de la rupture remet en œuvre sa stratégie employée lors de l’élection des maires en mai dernier avec le vote à l’Assemblée nationale d’une loi explicative et complétant le code électoral alors même que certains maires étaient déjà élus. Comme quoi le régime de Talon a fait l’option de manipuler les textes en cours de processus lorsqu’il constate que l’issue du processus ne lui sera pas favorable.
Des opérations prévues
Selon le secrétaire général de la CSTB, Kassa Mampo, l’article 8 de l’arrêté no047/MTFP/DC/SGM/DAF/DGT/SA/051SGG20 du 12 octobre 2020 portant création, attribution, organisation et fonctionnement du comité électoral national et des comités électoraux départementaux a prévu six opérations à effectuer pour les élections. Il s’agit de la commande de badges et autres signes distinctifs au profit des équipes de supervision, de l’adoption du spécimen et la commande du bulletin unique de vote, de la commande des urnes et isoloirs. La confection préalable des listes d’émargement des électeurs et des formulaires de procès-verbaux, l’acquisition ou la commande de l’encre indélébile et des encreurs et l’acquisition ou la commande des cachets « A VOTE » et des cachets « NON UTILISES ». Mais, la ministre a fait intervenir son informaticien et sa machine. Ceci pour introduit un autre système de vote. Pour le gouvernement, il s’agit de faire les voter les travailleurs salariés à partir de leur téléphone Androïd par internet.
Se lever contre l’arbitraire
Les travailleurs doivent se connecter à une plateforme et vont s’identifier par leurs numéros de téléphone préalablement affichés avec la liste électorale. Chacun va rester donc chez lui et va émettre son vote qui sera récupéré par un ordinateur. Cet ordinateur va faire la compilation et va donner le résultat que la ministre va proclamer. Selon Kassa Mampo, cette plateforme à laquelle les travailleurs doivent se connecter et qui est seule à donner les résultats est pilotée par une agence logée à la présidence et sous la supervision du Chef de l’Etat.
Pour la CSTB cette manière de faire enlève toute crédibilité au résultat. Ce système de vote exclut de fait une bonne partie des travailleurs, n’a aucune légalité, est opaque et manque de contrôle. C’est pourquoi, Kassa Mampo invite les travailleurs, le peuple, les organisations nationales et internationales, la société civile et les défenseurs des droits de l’homme à s’unir à la CSTB pour mener la lutte contre les manœuvres du gouvernement afin de contrôler les élections professionnelles.
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