Coup de tonnerre dans un ciel serein : Il y a eu démission à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme, la fameuse CRIET ! Le juge Essowé Batamoussi a déposé le tablier et ne serait plus au Bénin. Reçu par RFI, il a donné les raisons qui l’ont poussé à quitter ses fonctions. Comme naguère le juge Angelo Houssou, ancien juge d’instruction dans les affaires dites de’’ tentatives d’assassinat et de Coup d’Etat’’ qui impliquait Talon avant 2016, le juge Essowé Batamoussi vient de poser un acte héroïque mais laisse l’opinion publique sur sa faim.
Sans nul doute, les Béninois vont s’accorder sur le fait que le désormais ancien juge a fait preuve de courage en démissionnant. Il a décidé de quitter ses fonctions et de laisser tous les avantages et privilèges qui sont les siens dans cette juridiction d’exception pour se retrouver en aventure. Malgré tous les risques qu’il court, il a quand même décidé de faire le saut dans l’inconnu : aller en exil avec la certitude que rien ne sera facile pour lui et qu’il n’aura plus ces avantages. Il a quitté son poste parce qu’il estime que l’indépendance de cette Cour est remise en cause.
Selon lui, la CRIET n’est pas une juridiction indépendante et toutes les décisions prises à la CRIET l’ont été sous pression. Il a donné le cas de l’ancienne ministre Réckya Madougou, candidate recalée pour la Présidentielle d’Avril 2021 pour étayer ses propos. «Dans ce dossier, nous avons été sollicités par la chancellerie car le dossier ne comportait aucun élément qui pouvait nous décider à la mettre en détention provisoire », a affirmé le désormais ex-juge au micro de RFI. «Il y a eu pas mal de dossiers où nous avons reçu les instructions de la chancellerie », poursuit Essowé Batamoussi au cours de sa déclaration à la chaine française. Autant de déclarations d’une extrême gravité sur lesquelles le gouvernement doit apporter des réponses claires et précises. Il y va de la crédibilité de cette juridiction d’exception décriée par les opposants et de la sincérité de la volonté affichée par le pouvoir de lutter contre la corruption.
Batamoussi doit aller plus loin
Sur RFI, Essowé Batamoussi affirme avec force qu’il n’est pas politicien et qu’il ne parle que de « la maison justice ». Il souligne que l’acte qu’il a posé vise un double objectif, à savoir : aider les collègues qui y sont actuellement et qui sont sous pression et amener les populations à comprendre « qu’ils n’agissent pas de leur propre gré mais qu’ils ont la pression du pouvoir ». Il ressort ainsi de cette simple déclaration que le juge démissionnaire ne doit pas s’arrêter en si bon chemin ! Les Béninois attendent qu’il pousse son acte de bravoure jusqu’à révéler les affaires dans lesquelles les juges de la CRIET ont été mis sous pression par la chancellerie.
Il doit dire comment s’exerçaient ces pressions et même clarifier le fonctionnement même de cette cour d’exception installée par le « régime de la Rupture » et dont les décisions ont été régulièrement retoquées par la CADHP (Cour Africaine des droits de l’homme et des peuples). Nul doute que les révélations du juge Batamoussi vont apporter du baume au cœur d’une certaine opposition aujourd’hui complètement tétanisée et secouer jusque dans ses fondements le clan au pouvoir en cette veille d’une présidentielle que tous les observateurs considèrent comme gagnée d’avance.
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