D’après l’Organisation des nations unies (ONU), environ 800 000 personnes, essentiellement dans la minorité tutsie, ont été tuées en trois mois lors de massacres déclenchés après l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994. A Kigali au Rwanda en mai 2021 aux côtés de son homologue Paul Kagamé, le président français Emmanuel Macron avait reconnu les « responsabilités » de la France dans le génocide tout en précisant cependant que son pays n’a « pas été complice » des génocidaires.
En 2014, vingt ans après les faits, la Cour d’assises de Paris avait ouvert le premier procès lié au génocide. Alors que la France a reconnu le génocide, la journaliste Natacha Polony l’a contesté. Sur France Inter le 18 mars 2018, Polony, également directrice de la rédaction de l’hebdomadaire Marianne à l’époque, parlant du génocide rwandais avait estimé « nécessaire de regarder en face ce qui s’est passé à ce moment-là et qui n’a rien finalement d’une distinction entre des méchants et des gentils ».
« On avait des salauds face à d’autres salauds »
« Malheureusement, on est typiquement dans le genre de cas où on avait des salauds face à d’autres salauds […] C’est-à-dire que je pense qu’il n’y avait pas d’un côté les gentils et de l’autre les méchants dans cette histoire », avait ajouté la journaliste. Les propos de la chroniqueuse ont été considérés comme une contestation du génocide. L’association de soutien aux victimes du génocide rwandais Ibuka avait porté plainte avec constitution de partie civile contre elle.
« Contestation de l’existence de crime contre l’humanité »
Le Mrap et la Communauté rwandaise de France ont également rejoint l’association sur le banc des parties civiles. Fin 2020, contre l’avis du parquet, un juge d’instruction avait renvoyé en procès Natacha Polony pour « contestation de l’existence de crime contre l’humanité ». Elle sera jugée ce mardi 1er mars 2022 et mercredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour contestation du génocide. Il s’agit selon ses avocats d’une première en France. La défense a rejeté les accusations affirmant que « Natacha Polony n’a absolument pas contesté le génocide ».
« Ce qu’elle a seulement évoqué, c’est que du côté des dirigeants, que ça soit du côté du gouvernement intérimaire (hutu) ou du FPR (Front patriotique rwandais, tutsi), il y a eu des exactions », ont déclaré Me Jean-Yves Dupeux et Me Florence Bourg.
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