Encore des morts dans les affrontements entre agriculteurs et éleveurs. Au Bénin, les conflits entre ces deux communautés se sont multipliés ces dernières années et deviennent de plus en plus violents. Plusieurs villages au centre et au nord du pays portent encore les stigmates de ces affrontements meurtriers. Le dernier en date s’est produit le jeudi 05 mai dernier dans un village dénommé Kpaari dans la commune de Tchaourou. Bilan : quatre morts et plusieurs blessés.
Il y a quelques mois, une centaine d’éleveurs de bétail venus du Nigeria voisin a débarqué dans la zone de Savé. Armés de fusils, ils ont détruit plusieurs maisons et s’en sont pris à la population. En tout, 25 personnes avaient perdu la vie. C’est l’affrontement le plus meurtrier enregistré à ce jour. La flambée de cette violence est plus pernicieuse que les seuls chiffres de la mortalité car elle est souvent amplifiée par des questions à forte connotation sociologiques, climatique et environnementale. La saison sèche voit souvent une grande migration des bergers vers le sud du pays venant du nord, à la recherche d’eau et de pâturage.
En raison de l’augmentation de la population, les pâturages se font de plus en plus rares pour les éleveurs et leurs bétails. Ces derniers sont contraints de rechercher des zones plus vertes pour nourrir leurs bêtes. Ainsi des dizaines de milliers de têtes de bétail qui traversent les terres agricoles détruisent des champs ce qui entraîne des conflits entre agriculteurs et éleveurs de bétail. Et cela dure depuis des lustres. Un conflit ancestrale au contour complexe qui touche la plupart des pays de la communauté ouest africaine. Du Cameroun à la Mauritanie en passant par le Tchad, le Nigéria et notre pays, tous ces pays sont touchés par les conflits entre agriculteurs et éleveurs avec leurs lots de morts, de blessés et de déplacés. En outre ces conflits qui ont un impact négatif sur la sécurité nationale et régionale, déchirent les communautés et entravent le développement économique des pays concernés.
Des mesures ont été prises pour contrer le phénomène notamment la mise en place de couloirs de transhumance. Des forages agropastoraux munis d’abreuvoirs ont été aménagés dans plusieurs localités pour permettre aux bêtes d’étancher leur soif. Des centaines de séances de sensibilisation ont été organisées par les autorités avec l’appui des partenaires étrangers. A tout cela il faut ajouter le déploiement des forces armées militaires dans les zones les plus sensibles. Malgré les efforts et les acquis dans les domaines du pastoralisme et de la transhumance transfrontalière, les conditions de la pratique de l’agriculture et de l’élevage se dégradent toujours.
C’est pourquoi les experts proposent pour résoudre ces conflits à long terme, de s’attaquer à leurs véritables causes notamment les problèmes liés à la terre et l’eau, à la gestion des zones rurales et au changement climatique. Il existe déjà de bonnes initiatives qui favorisent la coexistence pacifique entre les agriculteurs et les éleveurs dans le pays. Il sera essentiel de renforcer ces programmes et de les entendre aux États de la sous région touchés par ces conflits et de veiller à leur application rigoureuse.
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