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Mobilité des Béninois : les faiblesses de la décision du gouvernement

Le ministre de la Décentralisation Raphaël Akotegnon _ Photo : Présidence du Bénin

Le gouvernement béninois vient de rendre obligatoire la déclaration d’aménagement de tout  citoyen dans une nouvelle commune. Mais, l’application d’une telle décision risque de poser de nombreux problèmes plus qu’elle n’en règle. Pourquoi compliquer les choses alors qu’on peut faire simple ? On sait tous qu’un déménagement constitue l’une des étapes les plus stressante de la vie.

Se mettre d’accord sur une date, résilier son contrat de bail, faire ses valises, louer et charger un camion ou faire appel à une agence de déménagement, organiser le transport, louer, ranger et aménager son nouveau lieu de vie, transférer son courrier, trouver une école proche  du nouveau domicile pour les enfants, sont autant de tâches anxiogènes qui viennent alourdir la charge mentale. Il n’est déjà pas facile de gérer cette situation tout seul. A cela vient se greffer l’obligation faite à tout citoyen maintenant, de déclarer aux autorités communales sa nouvelle résidence. Ainsi en a décidé le conseil des ministres en sa séance du mercredi 20 juillet 2022.

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Ceci, dans le cadre de la mise en œuvre des registres communaux des personnes physiques. Conformément à un décret que les ministres doivent faire appliquer,  « tout changement de résidence principale doit faire l’objet d’une déclaration auprès de la mairie de la commune du nouveau domicile ». Les intéressés ont huit jours pour se conformer à cette décision. Il s’agit pour le gouvernement de se conformer à  une loi votée par l’Assemblée nationale visant  «  à recueillir les données des résidents communaux lesquels servent à consolider ou mettre à jour le registre national des personnes physiques ». 

En termes clairs, toute personne qui s’installe dans un quartier doit se déclarer à la mairie. Cette mesure vise à contrôler les va-et-vient de chaque individu surtout en ces périodes de grande insécurité et de criminalité. C’est un secret de polichinelle que les braquages sont récurrents ces derniers temps. C’est donc à juste titre qu’il faut mettre en place tous les moyens pour décourager tout malfrat qui veut attenter à la quiétude des populations. Cependant, l’application d’une telle décision fait apparaître certaines faiblesses qu’il convient de relever. D’abord, aucune sanction n’est prévue en cas de manquement à cette décision.

Lorsqu’un homme s’installe dans une ville sans informer les autorités communales, que risque t-il ? Une sanction disciplinaire, pénale ou financière ? Devrait-on priver  de liberté quelqu’un qui a « oublié » de déclarer  sa présence dans une commune ?  De quelle manière ? Il est nécessaire que chacun sache à quoi s’attendre lorsqu’il enfreint  cette obligation. Cela pourrait amener à décourager les contrevenants. Ensuite, combien de temps faut-il demeurer dans une commune pour que cette nouvelle résidence devienne « un nouveau domicile » comme le dit le communiqué du conseil des ministres ?  Six mois ? Un an ? Ou plus ? Là également, il n’y aucune précision.

Quels sont les moyens dont dispose une mairie pour contrôler la mobilité de ses habitants ? Comment la mairie de Calavi par exemple pourra t-elle savoir qu’un étudiant a quitté son village natal au fin fond du septentrion pour le campus si celui-ci s’abstient de déclarer sa présence ? Pourquoi ne pas confier cette tâche tout simplement aux chefs de quartier qui sont à même de savoir ce qui se passe sur leur territoire ? Et le propriétaire de la maison où le nouveau venu a élu domicile ? Que lui réserve t-on? Voila autant de questions sur lesquelles la décision du gouvernement reste muette. Au demeurant, si la principale raison de cette décision consiste à lutter contre l’insécurité, les nouvelles technologies de l’information et de la communication suffisent amplement à contrôler le déplacement d’un malfrat ou de toute autre personne.

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Aujourd’hui, il est facile de tracer un individu grâce aux pièces d’identité biométrique qui contiennent toutes les informations sur celui-ci. Le gouvernement de la rupture l’a si bien compris que ces outils font partie  intégrante de notre vie quotidienne. De la naissance d’un bébé jusqu’à sa scolarité et sa vie professionnelle, plus rien n’échappe à un contrôle exhaustif  administratif ou judiciaire. Le téléphone portable qui est à la portée de tous et dont personne ne peut plus se passer, peut indiquer le lieu précis, l’heure et le déplacement d’un individu. L’efficacité de ces nouvelles technologies n’est plus à démontrer. Elles font chaque jour leur preuve partout ailleurs contre la criminalité et l’insécurité et le gouvernement devrait s’en saisir pour gérer la mobilité de ses citoyens.

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