Les derniers développements de l’actualité relatifs au projet d’exploitation du champ pétrolifère de Sèmè suscitent de notre rédaction nombre de réflexions. Certes, de nombreux canards nationaux comme à l’international y ont trempé leurs plumes et selon leurs sources et compréhensions respectives. Mais le moins qu’on puisse constater à travers tous les débats menés jusque-là, est que personne ne se demande si, au-delà de Sèmè, il n’y a pas du pétrole ailleurs dans le sous-sol du pays.
Pour en avoir une idée nette, notre rédaction s’est rapprochée de certains experts du domaine, familiers avec le bassin sédimentaire béninois. La réponse que nous avons obtenue est sans ambages : « oui, il y a une très forte chance que les côtes béninoises regorgent de pétrole » nous a répondu le premier rencontré, citant plusieurs études de compagnies et cabinets internationaux. Cette réponse peut être d’ailleurs intuitive aux citoyens béninois puisque le Nigeria, grand voisin immédiat à l’Est est l’un des plus grands pays producteurs de pétrole au monde.
Le Ghana qui n’est pas moins un voisin, car se situant à quelques centaines de kilomètres à l’Ouest, est aussi entré dans ce club select de producteurs importants de pétrole en Afrique depuis 2010. A la frontière ouest du Ghana, la Côte d’Ivoire produit du pétrole et du gaz depuis des décennies et sur cette même côte du Golfe de Guinée, le Sénégal vient de faire d’importantes découvertes de pétrole et de gaz et s’apprête à rejoindre le cercle prestigieux des barons de l’or noir.
Alors, pourquoi donc le Bénin reste-t-il à la traine ? A ce sujet, l’un des experts que nous avons contacté répond que c’est la combinaison d’un certain nombre de facteurs. Et il en énumère trois principaux. Le premier, selon lui, c’est la peur de la « malédiction des ressources naturelles » ; une terminologie utilisée pour designer les troubles socio-économiques et politiques qui surviennent dans les pays où il y a eu d’importantes découvertes pétrolières ou minières. Le deuxième facteur abordé par notre spécialiste en ingénierie pétrolière, c’est le choix stratégique de nos dirigeants de privilégier d’autres secteurs de l’économie qui créeraient des emplois en masse et apporteraient des revenus immédiats. Une pénurie criarde de compétence locale à tous les niveaux, surtout au niveau du leadership et de la gestion du secteur pétrolier, constitue le troisième facteur évoqué par l’expert. Ce qui, selon lui, crée une absence d’initiatives et une léthargie dans les décisions nécessaires pour dynamiser et valoriser le secteur.
Le moins qu’on puisse analyser est qu’aucun atout n’est de trop sur le chemin du développement d’un pays, en l’occurrence le nôtre, surtout lorsqu’on sait que le pétrole peut apporter de grosses ressources financières pour accélérer le développement durable d’un pays. Le Ghana en est un récent et éloquent exemple. Alors, qui a le pouvoir de changer la donne, si ce n’est le premier magistrat du pays. Il ne reste donc plus qu’à espérer que le Président Patrice Talon se penche sur la valorisation du secteur pétrolier avec tout le sérieux et la rigueur qu’on lui connait.
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