Le recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Félicien Avlessi a interdit dans un communiqué en date du 21 octobre 2022, le port des tenues dépravées par les étudiants. Cette décision de la première autorité rectorale de l’université suscite de vives réactions, surtout au sein des concernés mais aussi de la population. Dans son communiqué du 21 octobre 2022, le recteur de la plus grande Université du Bénin a formellement interdit aux étudiantes et étudiants, le port des jupes taille basse, des pantalons taille basse, des débardeurs, des jupes mini et /ou à fentes exagérées et des tenues décolletées. Il s’agit d’une répression au haut lieu de savoir qu’est le campus d’Abomey-Calavi en vue d’encadrer le port de tenues vestimentaires.
Sans nul doute, cette décision du recteur veut mettre fin au désordre observé dans le rang des étudiants depuis des années et il faut le soutenir afin de permettre à toutes et à tous d’étudier dans de bonnes conditions, selon un responsable étudiant. Mais ceci n’enchante guère la majorité des apprenants rencontrés. Raimath Fagnidé est étudiante dans l’une des écoles de l’Université d’Abomey-Calavi. Pour elle, les tenues vestimentaires de ses camarades ne respectent pas le règlement pédagogique des Unités de Formation et de Recherche (UFR) comme l’a dit le recteur mais il n’a aucun impact sur le déroulement des cours. « Je pense que malgré le fait que les filles portent des habits décolletés, des tenues qu’on juge sexy et que les hommes portent des débardeurs ou pas, n’a jamais empêché le déroulement des activités académiques. Pour mettre fin à une situation de la sorte, il faut pouvoir mettre la main sur le problème que cause cette situation. Dans le cas actuel, aucun problème n’est en vue donc cette décision est inopportune » a-t-elle déclaré.
Jean-Marie Tehou renchérit les propos de sa camarade étudiante : « les tenues n’empêchent ni la réussite ni la dispensation du cours ». Ils ne sont pas les seuls à juger non important la décision du recteur Félicien Avlessi. Certains étudiants cherchent à comprendre le bien-fondé de cette répression. « Que veut corriger le recteur ? En quoi notre habillement est contre les règles » demande une étudiante à la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Communication (FLLAC) de l’Université d’Abomey-calavi. D’ailleurs pour Marlène « chacun a le droit de disposer de son corps selon ce qui lui convient et on devrait penser à éduquer homme comme femme à savoir ce qu’il veut et à faire des choix raisonnables au lieu de prendre des décisions qui ne vont rien changer dans le fond ». Hors de la sphère universitaire, la militante Angela Kpeidja épouse le même point de vue. Sur son mur Facebook, la journaliste a écrit : « Je ne sais quelles raisons justifient cette décision. Mais franchement, c’est une manière obsolète d’appréhender les violences sexistes et sexuelles dont sont victimes les filles et les femmes étudiantes. C’est une restriction des libertés en réponse à la répression du harcèlement sexuel en milieu universitaire engagée par l’État béninois ».
La décision ne manque pas de supporters
Ils sont étudiants mais contrairement aux uns, ils sont très contents et heureux suite à cette décision de l’autorité universitaire. En ce qui les concerne, l’habillement en est pour beaucoup dans les agressions et autres faits décevants qui sont enregistrés au sein de l’université. Selon l’étudiant Rock Kpadonou, « on peut comprendre cette décision. Pas besoin de réfléchir pour savoir que ce communiqué est sorti dans le but d’aider surtout les filles à rester quelque peu à l’abri des chuchotements, agressions et harcèlements. Juste pour dire que porter des tenues dépravées dans un lieu de savoir ne profite surtout pas aux filles. Les professeurs pourront faire leur cours sans une pression psychologique et sans influence sexuelle », a-t-il ajouté.
Même son de cloche pour Joanita Taho qui déplore avec amertume le comportement de ses sœurs. « Elles mettent à terre la dignité de la femme africaine et sont parfois gênées elles-mêmes mais, on dirait qu’elles ont quelque chose à y gagner. On les voit rajuster les manches de leurs hauts décolletés, tirer sur les habits trop courts ou cacher sans cesse leur soutien-gorge alors qu’elles auraient pu mieux s’habiller en responsable » a-t-elle laissé entendre. C’est le soulagement total chez Guillaume Ahouda, journaliste. « Enfin » a-t-il jubilé après avoir pris connaissance de la décision du recteur. Ceux qui soutiennent le recteur disent tous que les mini-jupes, les culottes et autres sont destinées pour les boîtes de nuit et non pour des lieux de savoir telle l’Université. « L’Université est une société. Dans toute société existe des codes, des règles et des normes à respecter. Toute personne vivant dans une société doit pouvoir respecter les prescriptions afin de ne pas subir la rigueur de la loi. Les tenues dépravées sont interdites et les étudiants n’ont qu’à se plier car cette décision n’est pas prise à la hâte mais suite à des remarques, des réflexions et des concertations », a expliqué Rolland Atta, sociologue.
Il a ajouté que bien que cette décision est susceptible de frustrer quelques personnes, elle va dans l’intérêt de tous et n’embrigade la liberté d’aucune personne si ce n’est la recadrer. Il faut notifier que cette décision sera rigoureusement appliquée selon les propos du recteur, Félicien Avlessi. « Si un enseignant trouve dans sa salle, un étudiant ou une étudiante avec ces tenues interdites, il va le sortir et le remettre à ses parents », a-t-il avertit.
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