La Caisse nationale de sécurité sociale vient de lancer un ultimatum aux employeurs de salariés domestiques de les déclarer avant le 23 décembre de cette année. S’agit-il d’une opération pour réparer une injustice sociale ou pour renflouer les caisses d’une société en difficultés financières ? Tous les employeurs de domestiques salariés (jardinier, nounou, cuisinier, chauffeur, gardien), doivent déclarer leur personnel au régime général de la sécurité sociale. Telle est en substance le communiqué émanant de la direction générale de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) en date du 23 mars dernier. L’obligation leur est faite de se conformer à cette décision avant le début de l’année prochaine, sous peine de sanctions.
Une décision intervenue un an après les déclarations du chef de l’Etat Patrice Talon qui, au détour d’une rencontre avec les responsables syndicaux, affichait son intention de « sévir contre l’emploi au noir », pour garantir aux employés domestiques, « une pension de retraite » paisible. Le directeur général de la Cnss, Apollinaire Cadété Tchintchin a donc pris au bond ce mot d’ordre du chef de l’Etat pour le traduire dans la pratique. L’intention est certes louable. Mais déjà, elle suscite beaucoup d’interrogations. Plusieurs observateurs se disent : soit, il s’agit d’une opération en faveur de cette catégorie d’employés afin de réparer une injustice sociale causée à ces hommes et femmes qui s’échinent à longueur de journée à travailler dans des familles, sans jamais être rétribués à leur juste valeur. Ils n’ont en effet pas droit à un salaire décent, digne de tous leurs efforts.
Soit il s’agit d’une opération pour recruter de nouveaux clients et avoir plus de cotisations, se faire une manne financière et renflouer les caisses de la Cnss. Car, qui dit sécurité sociale, dit cotisations. Donc, entrée d’argent. Beaucoup d’argent. La Cnss en a peut-être besoin. Le Covid-19 et la guerre en Ukraine sont peut-être passées par-là. Il ne faut pas oublier, comme le monde entier, le Bénin a traversé ces deux crises au cours desquelles plusieurs salariés ont perdu leurs emplois à cause de la fermeture de leurs entreprises. Ce qui peut entraîner la baisse des cotisations. C’est une éventualité qu’il ne faut pas écartée même si les responsables de la Cnss ont toujours clamée la bonne santé financière de leur institution. Plusieurs sociétés à travers le monde continuent de souffrir d’ailleurs de cette situation. Mais pour couper court à ces interrogations il revient donc au directeur général de la Cnss Apollinaire Cadété de lever toutes les équivoques. En tous cas, la nouvelle décision ne vient pas réjouir les deux acteurs de cette catégorie d’emploi domestique que sont les employeurs et les employés.
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La CNSS n’est nullement en difficulté. Loin de là. Les réserves financières de la CNSS servent aujourd’hui à financer plusieurs actions du gouvernement. de plus, le gouvernement souhaite renforcer la sécurité sociale des employés de maison qui sont l’une des couches sociales les plus défavorisées dans notre société et par là aider la CNSS à faire un meilleur recouvrement des cotisations sociales.
Que l’on aille pas toujours voir du négatif dans chaque acte posé ou dans chaque mesure prise. Tel a été toujours ma position vis-à-vis de ce régime. Ce n’est qu’une justice, lorsque maintenant il soit exigé que l’on paye des cotisations de retraite voire de pension pour les employés de maison (domestiques, bonnes, jardiniers, chauffeurs et autres serviteurs « taillables, corvéables et révocables à tout instant »). Ce n’est pas le plus grand nombre des béninois qui peut se permettre des services de ces employés-là. C’est une fine minorité parmi nous, mais qui sont les mieux nantis de la République. Ils gagnent eux des salaires enviées et enviables, ils sont à cinq millions, à dix millions voire à 18 millions de nos sous par mois, mais ne payent que des salaires de misère à leurs employés domestiques, sans cotisation de retraites et primes d’assurance maladie. Cela ne doit pas continuer comme cela.