Le Père Eric Aguénounon, philosophe politique, analyste politique et écrivain-essayiste, ainsi que directeur de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix (IAJP), a été invité sur la radio en ligne CrystalNews pour s’exprimer sur la proposition de loi d’amnistie initiée par les députés du parti Les Démocrates. Selon le Père Aguénounon, cette proposition de loi d’amnistie ne surprend pas étant donné qu’elle concerne deux personnes spécifiques : Réckya Madougou et Joêl Aivo, qui ont tenté de se présenter à l’élection présidentielle de 2021. Il explique que si ces députés de l’opposition ont pour projet de loi l’amnistie de leurs leaders, cela n’est pas étonnant, car ils ont promis à leurs électeurs de le faire pendant les campagnes législatives.
Cependant, beaucoup de Béninois se demandent si cette proposition de loi a une chance d’aboutir dans le contexte actuel. À ce sujet, le philosophe politique estime que la sensibilité humaine peut jouer un rôle important dans le processus de libération des détenus politiques. Il explique que politiquement, si les députés du parti La Flamme parvenaient à faire passer leur proposition de loi, cela pourrait encourager l’électorat de la mouvance présidentielle à voter pour eux.
Le Père Aguénounon affirme que les procès de Réckya Madougou et Joël Aïvo sont politiques, car il s’agit d’acteurs politiques et que la matière est une matière politique qui a été opérée pendant la période pré-électorale. Il estime que ces situations judiciaires ou politico-judiciaires peuvent être réglées à partir du Parlement, mais il n’est pas certain que cela puisse passer, car les députés de l’opposition sont minoritaires. « Par la prière de ceux qui ont la foi, ainsi que par des médiations humaines, quelque chose peut bouger de ce côté-là », a-t-il laissé entendre. Le directeur de l’IAJP pense que si la mouvance présidentielle vote cette loi d’amnistie, elle peut en tirer des dividendes.
En tant qu’analyste politique, il croit qu’en politique, il y a certaines actions qui peuvent étonner l’électorat et montrer à celui-ci que la mouvance en place est également humaine. Les choses ont changé depuis 2019, en particulier depuis les dernières législatives, où l’opposition n’est plus seulement constituée des FCBE, mais aussi des Démocrates. Le Père Eric Aguénounon croit même que « les Démocrates et les mouvanciers, c’est pareil » et que « le président Patrice Talon a fait 7 ans avec le président Yayi Boni ». Pour lui, nous savons tout ce qu’il a accompli politiquement pendant cette période où l’on parlait de politique de changement. « Mais aujourd’hui, avec la politique de la Rupture, je crois que ce sont les mêmes personnes sur le plan humain. Si les acteurs de la mouvance acceptent vraiment de participer à cette opération politique, je crois qu’ils auront d’abord les retombées. L’image qui sera alors renvoyée, le regard qui sera posé sur eux, changerait », a-t-il souligné.
Pour que cette proposition de loi d’amnistie soit votée, le philosophe politique pense que le dernier mot revient au président Patrice Talon car il est le chef de l’Etat. Il ne pense donc pas que le président de la République « soit tel qu’on le présente ». L’écrivain-essayiste a indiqué qu’il est un père de famille et un époux. Il vient d’une famille et est fait de chair comme nous. C’est pourquoi, il croit que le président a un cœur. Mais, selon le Père Eric Aguénounon, « il faut espérer que le Seigneur touche son cœur ». Il faut espérer davantage, selon lui, que dans la mouvance présidentielle, il y ait plus de modérés que de radicaux. « Que les radicaux migrent vers la tendance des modérés. Si davantage de modérés sont présents, cela pourrait déclencher un processus de libération », a-t-il martelé.
Le directeur de l’IAJP n’a pas manqué de souligner qu’il y a eu une amnistie à la sortie de la révolution lors de l’entrée dans notre ère démocratique et que pour lui, rien n’est politiquement impossible. Il a tenu à préciser que « la politique est le lieu de recherche de possibilité. C’est l’endroit et l’espace où grâce aux médiations, on peut arriver à un consensus », et « le consensus a pour but de libérer l’homme, de redonner à l’homme sa valeur et de le placer au centre des débats, au centre de la question du développement« . Car, selon lui, « quand il y a une crise politique, il n’y a plus de dialogue » et « il y a rupture dans le dialogue lorsqu’il y a une crise politique ». Il a précisé que cela n’arrange personne et ne profite à personne en réalité. Il croit que l’image du président Patrice Talion a changé depuis les élections législatives de 2023. Donc selon lui, cela veut dire que quelque chose est possible mais il faut espérer.
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