Nucléaire: un pays du Maghreb se tourne vers la Russie pour développer sa filière

L’uranium, souvent qualifié de « charbon du XXIe siècle« , joue un rôle primordial dans la production d’énergie à une époque où la demande mondiale d’électricité ne cesse de croître et où les préoccupations environnementales deviennent de plus en plus pressantes. Étant le principal combustible des réacteurs nucléaires, l’uranium offre une source d’énergie à faibles émissions de carbone, permettant ainsi de réduire la dépendance aux combustibles fossiles, principaux coupables du réchauffement climatique. De plus, avec l’amélioration des technologies et des normes de sécurité, ainsi qu’avec l’émergence des réacteurs nucléaires de nouvelle génération, l’uranium se positionne comme une option énergétique durable et sûre.

En parallèle de ses applications énergétiques, l’uranium possède des usages en médecine, en agriculture et dans d’autres domaines industriels. À l’heure où la transition énergétique est au cœur des débats mondiaux, l’uranium revêt une importance particulière, incarnant l’espoir d’un avenir énergétique plus propre et plus fiable. L’Afrique, riche en ressources naturelles, possède également d’importants gisements d’uranium, élément essentiel pour la production d’énergie nucléaire. Le Niger et la Namibie figurent parmi les principaux producteurs mondiaux d’uranium. Le Niger, en particulier, abrite l’une des plus grandes mines d’uranium au monde, la mine d’Arlit, exploitée depuis les années 1970.

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Un nouvel acteur au Maghreb?

Un nouvel acteur pourrait bien voir le jour au Maghreb. Selon le Middle east Institute, le Maroc, qui détient près de 75% des réserves mondiales de phosphate, possède dans ces phosphates environ 6 millions de tonnes d’uranium. Pour mettre cela en perspective, l’Australie, l’un des plus grands producteurs d’uranium, compte des réserves estimées à 1,7 million de tonnes. Avec la collaboration d’acteurs comme le russe Rosatom, le Maroc envisage d’utiliser ce potentiel pour satisfaire une demande électrique croissante, qui a augmenté de 6% annuellement ces dernières années, et pour des projets de dessalement.

Le Maroc et la Russie ont récemment marqué une étape décisive dans leur collaboration nucléaire civile. Une convergence d’intérêts stratégiques lie ces deux nations. Lors du deuxième sommet Russie-Afrique, qui a eu lieu en juillet, le Maroc a pris des mesures pour renforcer sa coopération nucléaire avec la Russie. Mais au-delà des ressources, l’équation énergétique liée au défi croissant de la pénurie d’eau place ce partenariat sous les feux de la rampe.

Une coopération énergétique renforcée avec la Russie

Au fil des ans, le Maroc a renforcé ses liens énergétiques avec la Russie. Le sommet Russie-Afrique a vu des accords majeurs signés entre les deux pays, notamment en matière de pétrochimie et de raffinage. La signature d’un protocole d’accord entre la société marocaine Water and Energy Solutions et Rusatom Smart Utilities, filiale de Rosatom, pour développer des usines de dessalement au Maroc, a été l’une des avancées notables. Cela pourrait transformer la façon dont le Maroc, et éventuellement d’autres pays de la région MENA, abordent la pénurie d’eau en utilisant la technologie nucléaire.

Avec des projets de centrales nucléaires déjà en cours en Turquie et en Égypte, Rosatom se positionne comme un acteur clé dans la région MENA. Ces projets fournissent non seulement de l’électricité, mais aussi une solution potentielle au défi croissant du dessalement pour pallier les pénuries d’eau. Avec le changement climatique exacerbant les pénuries d’eau, surtout dans des pays comme l’Égypte et la Turquie, l’approche nucléaire du Maroc pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère d’approvisionnement en eau dans la région.

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Le défi de la pénurie d’eau au Maroc

Le Maroc se trouve à un carrefour critique. Son ambition de stimuler l’agriculture et d’élever ses citoyens à la classe moyenne nécessite un approvisionnement abondant en eau. Cependant, le pays est déjà aux prises avec une crise de l’eau, avec des niveaux d’approvisionnement largement inférieurs aux normes internationales. Le Plan Maroc Vert a certes augmenté la valeur des exportations agricoles, mais il a également entraîné une augmentation massive de la consommation d’eau.

Avec l’objectif de Rabat de s’appuyer sur des technologies de dessalement plus énergivores pour répondre à la demande en eau, le nucléaire, en particulier avec l’uranium disponible localement, pourrait offrir une solution viable. L’énorme potentiel d’uranium contenu dans les réserves de phosphate du Maroc place le pays en position de force sur la scène énergétique mondiale. Le groupe OCP, pilier de l’industrie phosphatée marocaine, a déjà envisagé d’exploiter l’uranium comme sous-produit. Avec une technologie éprouvée pour récupérer l’uranium de l’acide phosphorique, le Maroc pourrait bien être sur la voie d’une révolution énergétique, tout en jouant un rôle central dans le paysage nucléaire mondial.

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