Au cœur du désert saoudien, un mirage futuriste émerge, celui de Neom, une mégapole en gestation qui suscite autant d’émerveillement que de controverse. La récente révélation d’un contrat entre l’Arabie saoudite et EDF pour la construction d’une centrale hydroélectrique alimentant ce projet pharaonique a déclenché une vague de réactions éthiques et écologiques.
Conçue comme une oasis technologique au milieu des étendues arides, Neom ambitionne d’être le symbole de l’avenir. Entre une station de ski qui pourrait accueillir les Jeux asiatiques d’hiver de 2030, une île luxueuse sur la mer Rouge et une « ville verticale » pouvant abriter jusqu’à un million d’habitants, les ambitions semblent démesurées.
Pourtant, derrière le voile de modernité et de développement, se cache une réalité moins reluisante. Le contrat entre l’Arabie saoudite et EDF révèle une face sombre de ce projet titanesque. En effet, pour assurer un approvisionnement électrique continu à Neom, même en l’absence de vent ou de soleil, une centrale hydroélectrique de type STEP est nécessaire. Cette dépendance énergétique semble en contradiction avec l’image écologique que le projet tente de véhiculer.
Les critiques fusent, tant du côté des employés d’EDF que des experts environnementaux. Jean-Yves Ségura, représentant du personnel, dénonce un projet qui profiterait avant tout au tourisme de luxe, loin des préoccupations de la population saoudienne. Pour lui, Neom n’est pas synonyme de durabilité, mais plutôt d’exubérance stérile.
Les détracteurs pointent du doigt l’absurdité d’un tel projet, où l’on envisage la pratique du ski et des Jeux d’hiver dans un environnement désertique. Les annonces les plus extravagantes du prince Mohammed ben Salmane, telles que l’utilisation d’une lune artificielle ou de taxis volants, alimentent cette vision délirante.
Au-delà de l’aspect fantasque, c’est la dimension écologique qui soulève le plus d’inquiétudes. La construction massive en acier et en béton prévue pour Neom est jugée énergivore et susceptible de générer d’importantes émissions de dioxyde de carbone. Les chiffres avancés par les scientifiques font froid dans le dos, évoquant des émissions potentielles équivalentes à quatre fois celles du Royaume-Uni.
Face à cette levée de boucliers, EDF défend son implication en mettant en avant sa volonté de soutenir des projets de production et de stockage d’électricité décarbonée, participant ainsi à la transition énergétique, tant en France qu’à l’international. Selon le groupe, cette centrale hydroélectrique contribuerait à accompagner l’Arabie saoudite dans sa transition vers une économie post-pétrole.
Cependant, les arguments avancés par EDF peinent à convaincre les détracteurs, qui voient dans ce contrat une compromission des valeurs éthiques et environnementales. Loin d’incarner le progrès, Neom semble symboliser les excès d’un développement irresponsable, nourri par une quête démesurée de modernité.
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