Le Père Éric Aguénounon a profité d’une interview qu’il a accordée à média Africa Dev News pour revenir sur les acquis de la Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990 au Bénin. Le directeur de l’Institut des Artisans, Justice et Paix (Iajp)-Chant d’oiseau de Cotonou a également rappelé la très grande implication de l’Église catholique dans cet événement majeur de la politique béninoise à travers le travail de Mgr de Souza. Il n’a pas manqué de faire le point de ce qui reste de ces assises qui auront marqué positivement l’histoire politique du Bénin.
L’homme de Dieu a remarqué qu’à mesure que les années passent, la Conférence nationale n’est plus que récit. Pour lui, elle n’est plus ce qu’elle doit être. « Au fil des années, au fil de la passation de charges au sommet de l’Etat, on a compris qu’actuellement ce qui reste de la Conférence Nationale n’est qu’un récit historique. C’est ça qui reste, malheureusement », a constaté le philosophe politique à la tête de l’institut catholique. Il regrette notamment que la jeune génération ne la réduise qu’à une histoire. Il estime qu’en réalité, cette Conférence Nationale devrait s’enseigner, se vivre, se véhiculer et qu’une tradition de ladite Conférence nationale devrait s’instaurer.
Cette sortie médiatique a été également l’occasion pour l’homme de Dieu de revenir sur le rôle que joue actuellement l’Église dans la politique béninoise. Comparé à l’époque de la Conférence Nationale, l’homme de Dieu constate juste que les personnages ont changé. A ce niveau, il fait une remarque : « Les fils et filles de l’Église catholique qui sont en politique ont tourné dos à leur mère parce qu’ils la trouvent moraliste, qu’elle a trop d’éthique, elle a trop de principes. Donc, ces fils et filles de l’Église qui sont en politique ont opté pour ce qui les arrange ».
Le directeur de l’Institut des Artisans, Justice et Paix (Iajp)-Chant d’oiseau de Cotonou est revenu sur les positions de l’Église sur certains sujets. Il a également évoqué le cas des évêques de nos jours qui ne joueraient pas le même rôle qu’à l’époque de Mgr Isidore de Souza selon certaines personnes.
« Aujourd’hui, les Evêques ne sont pas moins charismatiques, ils sont prudents, ce n’est pas mauvais. Ce ne sont pas les mêmes personnes, et ils ont en face des dirigeants qui sont moins protagonistes, qui sont décidés et qui n’écoutent presque pas. L’Eglise a mis en place des institutions pour jouer des rôles charnières et majeurs : l’Aumônerie des cadres et personnalités politiques, l’Institut des artisans, de justice et de paix et puis l’Observatoire des chrétiens cadres de l’administration publique ou acteurs politiques », a expliqué le père Éric Aguénounon lors de cette interview tout en rappelant le rôle que joue l’Église qui n’est pas d’être une actrice politique. Il rappelle que l’Église donne une parole d’orientation forte même si « ceux qui sont en face ne sont pas prêts à entendre les paroles d’exhortation poignantes ».
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