Le paysage géopolitique africain connaît de nouvelles turbulences alors que les États-Unis et le Tchad s’opposent sur la question du redéploiement de troupes américaines dans le pays sahélien. Cette situation fait écho aux récents bouleversements dans la région, notamment l’expulsion des forces américaines du Niger en mars 2024, qui avait marqué un tournant dans les relations entre Washington et ses partenaires africains.
Un démenti catégorique de N’Djamena
Le 20 septembre 2024, le général Kenneth Ekman du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) a annoncé le prochain retour de soldats américains au Tchad, affirmant que cette décision répondait à une demande des autorités tchadiennes. Cependant, cette déclaration a rapidement été contredite par le gouvernement tchadien. Abderamane Koulamallah, chef de la diplomatie tchadienne, a formellement démenti cette information lors d’un entretien à New York, déclarant : « On n’a pas eu de contact militaire et nous démentons catégoriquement l’information […] on n’a pas discuté avec le gouvernement américain sur le retour de leurs forces au Tchad ».
Cette contradiction flagrante entre les déclarations américaines et tchadiennes soulève des questions sur la nature des communications entre les deux pays et pourrait potentiellement engendrer des tensions diplomatiques. Le gouvernement tchadien, soucieux de réaffirmer sa souveraineté, a rappelé dans un communiqué officiel que le pays « reste maître de ses décisions en matière de sécurité nationale et de coopération militaire avec ses partenaires internationaux ».
Un contentieux qui s’inscrit dans une dynamique régionale
La controverse actuelle s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question de la présence militaire étrangère dans la région du Sahel. En effet, le Tchad avait déjà ordonné le retrait des forces spéciales américaines stationnées sur la base aérienne de Koseï à N’Djamena juste avant l’élection présidentielle de mai 2024. Ce contingent, composé de 75 membres, avait pour mission de soutenir des opérations antiterroristes dans le Sahel et la région du lac Tchad.
L’annonce du général Ekman concernant un possible redéploiement mentionnait cette fois-ci « un nombre limité de forces spéciales« , ce qui pourrait être interprété comme une tentative d’adaptation à l’hostilité croissante envers les bases militaires étrangères dans la région. Cependant, le démenti du Tchad remet en question la réalité de ces discussions et la nature des relations actuelles entre les deux pays.
Des implications pour la stabilité régionale
Cette situation met en lumière les défis auxquels sont confrontés les États-Unis dans leur stratégie de lutte contre le terrorisme en Afrique. La perte de points d’appui stratégiques, comme la base au Niger et potentiellement au Tchad, pourrait compromettre la capacité de Washington à mener des opérations de contre-terrorisme efficaces dans la région.
Pour le Tchad, cette affaire souligne la délicate position du pays, pris entre la nécessité de maintenir sa sécurité face aux menaces terroristes et le désir d’affirmer sa souveraineté nationale. La réaction ferme du gouvernement tchadien pourrait être interprétée comme un signal fort envoyé non seulement aux États-Unis, mais aussi à d’autres partenaires internationaux, sur sa volonté de contrôler pleinement sa politique de défense.
L’incident soulève également des questions sur la coordination et la communication entre les différentes branches du gouvernement américain. Le décalage entre l’annonce de l’Africom et la réalité sur le terrain pourrait indiquer des failles dans le processus décisionnel ou dans la transmission d’informations entre les instances militaires et diplomatiques américaines.
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