Sénégal : le troisième sur les cinq camps militaires français restitué

Photo Florent Vergnes - AFP

Le retrait progressif des forces françaises du Sénégal entre dans une phase décisive avec la restitution d’un troisième site militaire à l’armée sénégalaise. Cette évolution concrétise les engagements pris le 12 février 2025 dans un communiqué conjoint des ministères des Affaires étrangères des deux pays. Ce document marquait la volonté affirmée de repenser le partenariat stratégique franco-sénégalais en tenant compte des nouvelles dynamiques régionales et internationales. Ce processus, amorcé en douceur, vise à repositionner les rôles respectifs des deux pays dans une coopération désormais moins militaire et davantage tournée vers des échanges égalitaires.

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Ce recentrage n’est ni une rupture brutale ni un retrait précipité. Il s’agit d’un rééquilibrage mesuré, en accord avec une vision de souveraineté nationale renforcée. L’ambassade de France à Dakar a précisé que l’ensemble des cinq emprises militaires serait transféré d’ici la fin de l’été 2025. Pour l’heure, les sites Maréchal et Saint-Exupéry ont déjà été remis au Sénégal le 7 mars dernier. Avec ce troisième transfert, l’opération franchit un cap symbolique et stratégique.

Un symbole de souveraineté reconquise

La restitution des sites militaires, au-delà de l’aspect logistique, porte une forte valeur politique. Chaque remise de clé incarne une étape dans le réagencement des équilibres postcoloniaux, souvent critiqués pour leur inertie. Pour les autorités sénégalaises, il ne s’agit pas simplement de récupérer des bâtiments ou des terrains, mais de reprendre la main sur des lieux stratégiques qui ont longtemps échappé à leur pleine maîtrise. Ce mouvement ne relève pas d’un réflexe nationaliste mais d’une affirmation concrète de la capacité du pays à assurer lui-même ses responsabilités sécuritaires.

Le calendrier de retrait annoncé laisse le temps aux armées de réorganiser leurs dispositifs, mais la direction est claire : la présence militaire française au Sénégal est en train de prendre fin. Ce retrait, préparé dans un climat de coopération, tranche avec les départs plus tendus observés dans d’autres pays de la région. Il témoigne aussi d’un dialogue diplomatique suffisamment solide pour orchestrer un tel changement sans heurts.

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Quels usages pour ces anciens bastions ?

Derrière la question militaire se profile celle de la reconversion de ces camps. Ces emprises pourraient accueillir de nouveaux centres de formation, des bases logistiques pour les forces nationales, ou encore des infrastructures civiles, en fonction des projets élaborés par les autorités sénégalaises. Ce type de transition ouvre aussi des opportunités économiques et sociales pour les zones concernées, qui pourront être réintégrées dans le tissu urbain ou régional.

Mais cette transition ne se résume pas à une simple redistribution d’espace. Elle suppose une montée en compétences, un renforcement des capacités et un engagement financier de la part de l’État sénégalais. Le passage de relais doit donc s’accompagner d’une vision claire sur les usages futurs, pour éviter que ces sites ne deviennent des coquilles vides. L’évolution en cours interroge aussi sur la nature du futur partenariat entre Dakar et Paris : plus politique, plus économique, plus culturel ? Pour l’instant, c’est sur le terrain militaire que s’écrit ce nouveau chapitre. La dernière page devrait être tournée d’ici quelques mois.

Une réponse

  1. Avatar de Tchité
    Tchité

    En avant le migo.

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