Expulsions d’Europe : top 6 des pays les moins coopĂ©rants (2 du Maghreb)

OQTF (obligation de quitter le territoire français) (MOURAD ALLILI / MAXPPP)

L’Union europĂ©enne se trouve confrontĂ©e Ă  un dĂ©fi de taille dans sa gestion des flux migratoires. Face Ă  l’afflux croissant de migrants en situation irrĂ©gulière, les pays membres ont multipliĂ© les initiatives pour renforcer leurs politiques de retour. Cependant, la mise en Ĺ“uvre effective de ces mesures se heurte Ă  de nombreux obstacles, notamment la rĂ©ticence de certains pays d’origine Ă  rĂ©admettre leurs ressortissants. Cette situation crĂ©e un fossĂ© important entre les ambitions affichĂ©es par l’UE et la rĂ©alitĂ© sur le terrain, mettant en lumière les limites des politiques migratoires actuelles.

Une coopération internationale en demi-teinte

Les donnĂ©es rĂ©centes rĂ©vĂ©lĂ©es par un rapport confidentiel de la Commission europĂ©enne dressent un tableau prĂ©occupant de la coopĂ©ration internationale en matière d’expulsions. Parmi les pays les moins enclins Ă  collaborer, on retrouve en tĂŞte de liste le Mali, avec un taux de rĂ©admission de seulement 4% de ses ressortissants expulsĂ©s d’Europe. La GuinĂ©e et la CĂ´te d’Ivoire suivent de près, n’acceptant chacune que 5% de leurs citoyens renvoyĂ©s. Le Maroc, avec un taux de 8%, et le Bangladesh, Ă  9%, complètent ce tableau peu reluisant.

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L’AlgĂ©rie, quant Ă  elle, se classe au sixième rang des pays les moins coopĂ©ratifs, n’acceptant que 10% de ses ressortissants expulsĂ©s. Cette situation est particulièrement problĂ©matique pour l’UE, qui qualifie la collaboration avec Alger d’ »insuffisante ». Les tensions diplomatiques entre l’AlgĂ©rie et certains pays europĂ©ens, notamment l’Espagne, n’ont fait qu’exacerber ces difficultĂ©s. Depuis 2022, les expulsions d’AlgĂ©riens depuis le territoire espagnol sont mĂŞme suspendues, consĂ©quence directe des dĂ©saccords politiques entre les deux nations.

Des chiffres qui interpellent

L’Ă©cart entre les dĂ©cisions d’expulsion et leur exĂ©cution effective est saisissant. Selon Eurostat, seulement 23% des immigrĂ©s ayant reçu un ordre de quitter l’espace Schengen sont effectivement renvoyĂ©s dans leur pays d’origine. Plus frappant encore, 40% de ces retours se font sur une base volontaire. Ces statistiques mettent en Ă©vidence l’inefficacitĂ© relative des politiques de retour forcĂ© mises en place par les États membres de l’UE.

Pour l’AlgĂ©rie, la situation est encore plus critique. Avec un taux de retour de seulement 10% pour ses ressortissants en situation irrĂ©gulière, le pays maghrĂ©bin cristallise les frustrations des autoritĂ©s europĂ©ennes. Ces chiffres sont bien loin des objectifs fixĂ©s par l’UE et soulignent les dĂ©fis considĂ©rables auxquels sont confrontĂ©s les pays europĂ©ens dans l’application de leur politique migratoire.

Vers une approche européenne plus ferme ?

Face Ă  ces difficultĂ©s persistantes, l’Union europĂ©enne envisage de durcir sa position. Des mesures de pression supplĂ©mentaires sont Ă  l’Ă©tude, notamment la restriction des visas de courte durĂ©e pour les ressortissants des pays jugĂ©s peu coopĂ©ratifs. Cette approche plus coercitive vise Ă  inciter les pays d’origine Ă  collaborer davantage dans le processus de rĂ©admission de leurs citoyens.

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Cependant, cette stratégie soulève des questions quant à son efficacité et ses potentielles conséquences diplomatiques. En effet, la gestion des flux migratoires ne peut se résumer à une simple équation mathématique. Elle implique des considérations humaines, économiques et géopolitiques complexes qui nécessitent une approche nuancée et concertée.

L’enjeu pour l’Union europĂ©enne est donc de trouver un Ă©quilibre dĂ©licat entre la fermetĂ© de sa politique migratoire et le maintien de relations diplomatiques constructives avec les pays d’origine des migrants. Ce dĂ©fi exige une rĂ©flexion approfondie sur les moyens d’encourager une coopĂ©ration plus Ă©troite, tout en tenant compte des rĂ©alitĂ©s socio-Ă©conomiques des pays concernĂ©s. Seule une approche globale, alliant dialogue, incitations positives et, si nĂ©cessaire, mesures de pression, pourra permettre de surmonter les obstacles actuels et d’aboutir Ă  une gestion plus efficace et humaine des flux migratoires en Europe.

Voici la liste des pays les moins coopĂ©rants en matière d’expulsions d’Europe, avec leurs pourcentages respectifs :

  1. Mali : 4% de réadmission
  2. Guinée : 5% de réadmission
  3. CĂ´te d’Ivoire : 5% de rĂ©admission
  4. Maroc : 8% de réadmission
  5. Bangladesh : 9% de réadmission
  6. Algérie : 10% de réadmission

Ces chiffres reprĂ©sentent le taux de ressortissants effectivement rĂ©admis par chaque pays parmi ceux ayant reçu un ordre d’expulsion de l’Union europĂ©enne.

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