L’Afrique, terrain de jeu économique convoité, voit s’intensifier la rivalité entre la Chine et les puissances occidentales. Pékin, fort de sa stratégie des « nouvelles routes de la soie », multiplie les investissements massifs dans les infrastructures du continent, tandis que les pays européens et les États-Unis tentent de maintenir leur influence historique. Cette compétition acharnée se manifeste dans divers secteurs, de la construction de ports et d’autoroutes aux projets énergétiques et ferroviaires. Le Maroc, carrefour stratégique entre l’Europe et l’Afrique, illustre parfaitement cette dynamique avec son ambitieux projet de ligne à grande vitesse (LGV) Kénitra-Marrakech.
La bataille du rail : un enjeu stratégique au Maghreb
Le récent appel d’offres pour la LGV marocaine met en lumière l’âpreté de la concurrence sino-française dans la région. L’attribution du premier lot des travaux de génie civil à l’entreprise publique chinoise China Railway NO.4 Engineering (CREC 4) témoigne de la montée en puissance de Pékin. Avec une offre de 3,4 milliards de dirhams, CREC 4 a su se démarquer face à des concurrents locaux et internationaux. Cette victoire chinoise n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une tendance plus large d’expansion des intérêts de Pékin sur le continent africain.
Parallèlement, la France maintient sa position grâce à son expertise reconnue dans le domaine ferroviaire. Le consortium Egis-Systra-Novec, dirigé par le français Egis Rail, a remporté le marché stratégique d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour l’extension de la LGV jusqu’à Marrakech. Malgré une offre financière supérieure à celle de son concurrent espagnol Ineco, le groupe français a su convaincre grâce à la qualité technique de sa proposition.
Compétitivité et transparence : les clés du succès
Les succès de la Chine et de la France sur le marché marocain s’expliquent par plusieurs facteurs. Selon Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain de gouvernance et de gestion, ces deux pays bénéficient de normes de qualité élevées et d’une réputation mondiale qui leur permettent de se positionner efficacement sur les grands contrats. Toutefois, il souligne que les liens historiques ne suffisent pas : c’est avant tout la qualité des offres, jugée selon des critères transparents, qui détermine l’attribution des marchés.
Cette approche est confirmée par l’analyste économique Ali Ghanbouri, qui insiste sur l’égalité de traitement entre les concurrents, indépendamment des relations diplomatiques ou économiques préexistantes. Le respect scrupuleux du cahier des charges et l’adéquation aux besoins spécifiques du Maroc sont les éléments décisifs dans l’attribution des contrats.
Vers une nouvelle configuration du paysage économique maghrébin
L’exemple du projet ferroviaire marocain illustre une tendance plus large de reconfiguration des alliances économiques au Maghreb. Si la France conserve une influence notable grâce à son expertise technique et ses liens historiques, la Chine s’impose progressivement comme un acteur incontournable, capable de proposer des solutions compétitives et adaptées aux ambitions de développement de la région.
Cette évolution du paysage économique maghrébin pourrait avoir des répercussions significatives sur les équilibres géopolitiques régionaux. Elle offre aux pays comme le Maroc l’opportunité de diversifier leurs partenariats et de négocier des conditions plus avantageuses. Cependant, elle soulève également des questions sur la dépendance potentielle à long terme vis-à-vis des investissements chinois et sur la capacité des entreprises locales à se positionner face à cette concurrence accrue.
Une réponse
apprenait a dire Afrique du nord ou nommé directement le pays concernés, comme Maroc, Tunisie, Algérie . pays Maghreb n’existe pas c’est Maghrlib qui veux dire Maroc .