Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, créé en 2006, a pour mission de promouvoir et protéger les droits humains à travers le monde. Cependant, cet organe n’est pas exempt de controverses, notamment en raison de la présence de pays aux bilans contestés en matière de respect des libertés fondamentales. L’Arabie saoudite, qui aspirait à y siéger, traîne une réputation entachée par de nombreuses violations des droits humains, dont l’assassinat en 2018 du journaliste Jamal Khashoggi dans son consulat à Istanbul, un acte qui a provoqué l’indignation internationale.
Un rejet salué par les défenseurs des droits humains
L’Assemblée générale des Nations unies a infligé un sérieux revers diplomatique à l’Arabie saoudite en rejetant sa candidature au Conseil des droits de l’Homme. Ce vote, qui a eu lieu mercredi, a été accueilli avec satisfaction par de nombreuses organisations de défense des droits humains. Ces dernières ont longtemps critiqué le royaume wahhabite pour ses pratiques autoritaires et ses atteintes répétées aux libertés individuelles.
Parmi les 18 sièges à pourvoir pour la période 2025-2027, l’Arabie saoudite visait l’une des cinq places réservées à la région « Asie-Pacifique« . Cependant, le royaume s’est vu préférer Chypre, les Îles Marshall, le Qatar, la Corée du Sud et la Thaïlande. Ce résultat est d’autant plus significatif que le vote s’est déroulé à bulletins secrets, permettant ainsi aux États membres de s’exprimer librement, sans crainte de représailles diplomatiques.
Des choix controversés malgré tout
Bien que le rejet de la candidature saoudienne ait été salué, l’élection d’autres pays au bilan contesté en matière de droits humains a suscité des interrogations. Dans le groupe « Afrique« , l’élection sans opposition de la République démocratique du Congo, de l’Éthiopie et du Kenya a notamment été critiquée par des ONG telles que Human Rights Watch. Ces choix soulèvent des questions sur la crédibilité du Conseil et sa capacité à remplir efficacement sa mission.
Pour la région « Amérique latine et Caraïbes », la Bolivie, la Colombie et le Mexique ont obtenu un siège, tandis que pour le groupe « Europe de l’Ouest, de l’Est et autres États« , la Tchéquie, la Macédoine du Nord, l’Islande, l’Espagne et la Suisse ont été élues. Ces résultats reflètent la complexité des équilibres géopolitiques au sein de l’ONU, où les considérations diplomatiques se mêlent parfois aux préoccupations relatives aux droits humains.
Un signal fort envoyé à Riyad
Le rejet de la candidature saoudienne peut être interprété comme un avertissement adressé au régime du prince héritier Mohammed Ben Salman. Les ONG Reprieve et European Saudi Organisation for Human Rights (ESOHR) ont souligné l’importance de ce vote, rappelant que le royaume a procédé à 214 exécutions capitales en 2024. Cette statistique alarmante illustre la persistance de pratiques contraires aux normes internationales en matière de droits humains.
Le groupe International Service for Human Rights (ISHR), basé en Suisse, a également salué cette décision, y voyant la preuve que lorsqu’ils ont réellement le choix, les États sont capables de s’opposer aux candidats les moins méritants. Ce vote pourrait inciter l’Arabie saoudite à reconsidérer certaines de ses politiques intérieures les plus controversées, dans l’espoir d’améliorer son image sur la scène internationale.
Toutefois, l’élection de pays aux bilans discutables en matière de droits humains montre que le chemin vers un Conseil des droits de l’Homme irréprochable reste long. L’instance onusienne continue de refléter les tensions entre régimes démocratiques et autoritaires, illustrant les défis persistants dans la promotion et la protection des droits fondamentaux à l’échelle mondiale.
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