Le Maghreb, autrefois uni par des liens historiques, culturels et économiques profonds, vit aujourd’hui une période de tensions sans précédent. L’Union du Maghreb Arabe (UMA), créée en 1989 pour favoriser l’intégration régionale, peine à concrétiser ses objectifs initiaux. Les divergences politiques entre l’Algérie et le Maroc sur la question du Sahara occidental, couplées aux positions antagonistes de la Tunisie, ont progressivement érodé les relations diplomatiques et commerciales entre ces nations.
La diplomatie économique en péril
L’affaire des exportations d’huile d’olive tunisienne illustre parfaitement cette fragmentation régionale. Le conseiller économique Fethi Ben Khalifa a récemment pointé du doigt la décision surprenante du Maroc d’importer 10 000 tonnes d’huile d’olive brésilienne, plutôt que de se tourner vers son voisin tunisien. Cette situation révèle non seulement un dysfonctionnement dans les échanges commerciaux régionaux, mais aussi une défaillance de la diplomatie économique tunisienne. Les ambassades peinent à défendre efficacement les intérêts commerciaux du pays, tandis que l’huile d’olive tunisienne se vend à des prix dérisoires sur les marchés internationaux, contrairement à son homologue italienne qui atteint des sommets à neuf euros le litre.
Une crise diplomatique aux multiples facettes
Les tensions diplomatiques entre le Maroc et la Tunisie ont atteint leur paroxysme en août 2022, lors d’un incident diplomatique majeur. Le président tunisien Kaïs Saïed, sous l’influence de l’Algérie, a reçu le chef du Front Polisario avant un forum Japon-Afrique, provoquant le rappel immédiat de l’ambassadeur marocain à Tunis. Cette décision, qualifiée d’hostile par Rabat, a creusé davantage le fossé entre les deux nations, bien que le Maroc ait souligné que ces tensions politiques ne devaient pas affecter les liens historiques entre les peuples.
Les défis de l’intégration régionale
L’échec des échanges commerciaux maghrebins traduit une réalité plus complexe : l’impossibilité actuelle de concrétiser une véritable intégration économique régionale. La Tunisie cherche à diversifier ses partenaires commerciaux au-delà du marché européen saturé, mais peine à maintenir ses relations avec ses voisins naturels. Cette situation paradoxale nécessite une refonte complète de la stratégie diplomatique et commerciale tunisienne, notamment dans le secteur de l’huile d’olive, produit emblématique du pays. La mise en place d’une stratégie de commercialisation efficace et rentable devient cruciale pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de production, dans un contexte régional marqué par la méfiance et les rivalités politiques.
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