La rivalité culturelle entre le Maroc et l’Algérie a trouvé un nouveau champ d’expression lors de la 19e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco, tenue à Asuncion, au Paraguay. Cette rencontre a été marquée par une victoire symbolique pour l’Algérie, qui a vu son dossier intitulé « Le costume féminin de fête du Grand Est algérien : savoir-faire et compétences liés à la couture et à la confection des parures – gandoura et melhfa » inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, malgré les contestations du Maroc.
Une reconnaissance mondiale pour un patrimoine algérien
Le dossier algérien met en lumière un riche héritage artisanal, combinant vêtements et parures typiques du Grand Est algérien. Ces éléments, transmis de génération en génération, incluent des pièces emblématiques comme la gandoura, la melhfa et une variété de bijoux traditionnels en argent et en or. La maîtrise des techniques artisanales, telles que le fil elmejboud, elfetla ou encore le perlage, témoigne du savoir-faire ancestral des artisans algériens.
Le ministre algérien de la Culture, Zoheir Bellalou, a salué cette inscription comme un exemple vivant de la richesse culturelle algérienne. Il a particulièrement insisté sur la manière dont ces traditions sont préservées et partagées au fil du temps, malgré les évolutions modernes. Cette reconnaissance internationale vient également couronner les efforts de longue haleine du ministère algérien de la Culture pour valoriser son patrimoine matériel et immatériel.
Une réaction marocaine contestée
Cette consécration n’a cependant pas fait l’unanimité. Le Maroc, par la voix de son représentant à l’Unesco, a vivement critiqué la présence d’une image de caftan dans le dossier algérien, estimant qu’il s’agit d’un élément distinctif de son propre patrimoine. Cette contestation s’inscrit dans un contexte où les deux pays se disputent régulièrement la paternité de certaines traditions culturelles. Le représentant marocain a même annoncé la présentation d’un dossier sur le Caftan de Fès pour 2025, dénonçant ce qu’il considère comme une tentative d’appropriation par l’Algérie.
Malgré ces protestations, le dossier algérien a été validé sans modification, marquant une victoire décisive pour l’Algérie dans cette bataille culturelle. Cette situation illustre une fois de plus la sensibilité des questions patrimoniales entre ces deux voisins, où chaque succès culturel est perçu comme un enjeu politique.
Un affrontement récurrent sur la scène internationale
Au-delà de cette session de l’Unesco, les tensions culturelles entre l’Algérie et le Maroc ne sont pas nouvelles. Chaque camp cherche à protéger et promouvoir son patrimoine auprès des instances internationales, souvent au détriment de l’autre. Cette récente controverse autour du caftan illustre à quel point les enjeux culturels peuvent devenir un terrain de confrontation diplomatique.
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