La relation entre le Maroc et l’Algérie demeure l’une des plus complexes du continent africain. Les deux puissances régionales s’opposent depuis des décennies sur de nombreux dossiers, notamment celui du Sahara occidental, territoire revendiqué par Rabat face au Front Polisario soutenu par Alger. Cette rivalité historique, marquée par des périodes d’accalmie et de tensions, pourrait connaître une nouvelle phase critique avec le possible retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, selon un récent rapport de l’International Crisis Group (ICG).
L’héritage Trump : un facteur de déstabilisation régionale
La première présidence Trump a profondément modifié l’équilibre diplomatique régional en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, en échange d’une normalisation des relations entre le Maroc et Israël. Cette décision unilatérale avait alors provoqué la colère d‘Alger et du Front Polisario. L’administration Biden, adoptant une approche plus mesurée, a choisi de ne pas revenir sur cette reconnaissance tout en évitant soigneusement d’y faire référence. Washington a notamment temporisé sur l’ouverture promise d’un consulat américain à Dakhla et a redéfini le plan d’autonomie marocain comme une « approche potentielle » plutôt que comme « seule base » de résolution du conflit.
Une diplomatie américaine en équilibre précaire
L’administration Biden a déployé une stratégie d’équilibriste, cherchant à maintenir des relations constructives avec l’ensemble des acteurs régionaux. Cette approche s’est notamment manifestée par le soutien à la nomination de Staffan de Mistura comme envoyé de l’ONU pour le Sahara occidental et par un engagement renouvelé auprès de Rabat comme d’Alger. Les États-Unis ont délibérément évité de définir les contours de nouvelles négociations, laissant cette responsabilité aux Nations unies. Cette politique de ménagement a contribué à contenir les tensions, malgré plusieurs incidents entre les Forces armées royales marocaines et le Polisario.
Les risques d’une nouvelle administration Trump
L’ICG met en garde contre les conséquences potentiellement déstabilisatrices d’une nouvelle présidence Trump. Bien que les intentions précises de son équipe pour l’Afrique du Nord demeurent incertaines, un soutien plus affirmé au Maroc ou une remise en cause du rôle de la MINURSO pourrait exacerber les tensions régionales. Le think tank américain souligne également qu’une posture non-interventionniste pourrait s’avérer tout aussi problématique, l’absence de médiation internationale risquant de fragiliser davantage l’équilibre précaire entre les deux pays. Cette situation laisse présager une période d’incertitude diplomatique majeure pour le Maghreb, où les antagonismes historiques pourraient rapidement se transformer en confrontations plus directes.
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