Le projet de jonction transfrontalière entre le Maroc et l’Espagne prend désormais une dimension concrète. Après des années de sommeil, cette infrastructure stratégique reliant les deux continents retrouve un souffle nouveau. Les gouvernements marocain et espagnol ont réactivé cette ambition séculaire de connexion fixe, mobilisant expertise technique et volonté politique. Un projet titanesque qui pourrait redessiner les connexions géographiques et économiques entre l’Europe et l’Afrique.
Les récentes avancées confirment l’engagement des deux pays à concrétiser ce tunnel sous-marin audacieux. L’Espagne a lancé une campagne de recherches sismotectoniques cruciale, procédant à la location de quatre sismomètres d’une valeur de 488.000 euros. Ces équipements hautement spécialisés seront déployés à l’Institut royal et à l’Observatoire de la Marine à San Fernando, près de Cadix, pour une série d’études s’étendant sur six mois.
Le tracé définitif du tunnel a été précisément arrêté. Long de 42 kilomètres, dont 27,7 kilomètres sous-marins, il reliera Punta Paloma en Espagne à Punta Malabata au Maroc. Une architecture complexe est prévue, comprenant trois tubes distincts : deux dédiés au transport ferroviaire de passagers et de marchandises, le troisième réservé aux services et à la sécurité.
La visite du ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, au Maroc en mars dernier a significativement contribué à relancer le projet. Il a souligné l’intérêt des entreprises espagnoles pour cette infrastructure, soulignant son potentiel de transformation des relations commerciales et de facilitation des échanges entre l’Europe et l’Afrique.
Un comité mixte hispano-marocain se réunira prochainement pour définir précisément les phases d’exécution. Les experts anticipent une mise en service possible entre les décennies 2030 et 2040, marquant potentiellement une nouvelle ère dans les connexions continentales.
Ce projet, initié dès 1980 par un accord entre les deux pays, implique la Société espagnole d’études pour la communication fixe à travers le détroit de Gibraltar (SECEGSA) et la Société nationale d’études du détroit de Gibraltar (SNED) côté marocain. Malgré sa complexité technique et les défis géologiques, le projet conserve toute sa pertinence stratégique.
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