Le Maghreb, berceau historique d’une agriculture millénaire, constitue l’un des greniers alimentaires les plus importants d’Afrique. Cette région, qui englobe principalement le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, a développé au fil des siècles une expertise agricole remarquable, notamment dans la culture des agrumes. Ses conditions climatiques méditerranéennes, combinées à des sols fertiles et des traditions agricoles ancestrales, ont permis le développement d’une agriculture diversifiée qui représente aujourd’hui un pilier majeur des économies nord-africaines. L’agriculture emploie près de 20% de la population active dans ces pays et contribue significativement à leur sécurité alimentaire ainsi qu’à leurs exportations.
Une production d’agrumes qui dépasse les attentes
L’Algérie traverse actuellement une période paradoxale dans son secteur agricole, marquée par une surproduction d’agrumes sans précédent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la production devrait atteindre plus de 18 millions de quintaux cette saison, dépassant largement les 16 millions de l’année précédente. Cette augmentation spectaculaire résulte d’une politique agricole ambitieuse qui a encouragé l’expansion des vergers d’agrumes, avec l’ajout annuel de 4.000 à 5.000 hectares de nouvelles plantations. Telle une vague déferlante, cette croissance massive de la production bouleverse l’équilibre traditionnel du marché, créant une situation complexe pour l’ensemble de la filière.
Le défi de la valorisation face à l’abondance
Cette surabondance d’agrumes provoque une chute vertigineuse des prix qui met en péril la survie économique des producteurs. Dans la région de Boufarik, le citron se négocie désormais à moins de 50 DA le kilogramme en gros, un niveau historiquement bas. La vallée de la Soummam n’est pas épargnée, avec des oranges vendues à moins de 80 DA le kilogramme au bord des routes. Cette situation révèle les faiblesses structurelles du secteur, notamment l’inefficacité de l’industrie de transformation qui, selon le président du Conseil interprofessionnel des agrumes, ne remplit pas son rôle de régulateur du marché. Les prix proposés par cette industrie, jugés insuffisants, ne permettent pas d’absorber les surplus de production de manière économiquement viable.
Les solutions face à la crise
La situation actuelle nécessite une refonte profonde des mécanismes de régulation du marché des agrumes en Algérie. L’intervention de l’État devient cruciale pour établir des prix planchers qui protégeraient les revenus des agriculteurs tout en maintenant l’accessibilité des produits aux consommateurs. La modernisation des circuits de distribution et le renforcement de l’industrie de transformation apparaissent comme des leviers essentiels pour stabiliser le marché. La valorisation des produits locaux, notamment par le développement de produits transformés innovants, pourrait ouvrir de nouveaux débouchés et réduire la dépendance au marché du frais. Ces adaptations sont indispensables pour garantir la pérennité d’une filière qui, malgré ses difficultés actuelles, demeure stratégique pour l’agriculture maghrébine.
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