L’Europe affronte depuis plusieurs années une pression migratoire significative sur ses frontières méditerranéennes et orientales. Les débats autour de l’immigration alimentent les discussions politiques nationales, notamment en France où la question du coût de l’accueil des étrangers cristallise régulièrement les tensions. Au-delà des aspects sécuritaires et sociaux, la dimension sanitaire représente un enjeu financier considérable pour le système de santé français.
Une facture hospitalière qui ne cesse de grimper
Les chiffres révélés récemment par l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) illustrent l’ampleur du phénomène : les impayés des patients algériens ont atteint 44,9 millions d’euros pour la seule année 2023. Ces dettes proviennent essentiellement de soins prodigués à des personnes munies de visas touristiques ou diplomatiques, venues spécifiquement pour bénéficier de traitements médicaux en France. La situation pèse lourdement sur les finances de l’AP-HP, qui prévoit déjà un déficit de 460 millions d’euros pour 2024.
Des négociations tendues entre Paris et Alger
Les tentatives de résolution de ce contentieux financier se heurtent à des obstacles diplomatiques majeurs. Malgré l’existence d’un protocole sanitaire datant de 1982, le remboursement des créances reste problématique. Les assurances privées contractées par les patients refusent fréquemment de couvrir ces soins, arguant que les pathologies préexistaient à leur venue en France. Martin Hirsch, ancien directeur général de l’AP-HP, témoigne de discussions particulièrement ardues avec les autorités algériennes, ces dernières rejetant la responsabilité sur la France concernant l’admission des patients non couverts.
Un dilemme éthique et financier
La situation place les hôpitaux français face à un délicat équilibre entre impératifs humanitaires et contraintes budgétaires. La jurisprudence administrative française privilégie l’accès aux soins sans condition, comme l’illustre l’anecdote rapportée par l’ancien ambassadeur Xavier Driencourt où un diplomate algérien avait ironiquement évoqué la « charité chrétienne » du système français. Des cas emblématiques, comme celui d’un membre du consulat algérien laissant une ardoise de 30 000 euros à Lille, soulignent la complexité du problème. Cette question sensible divise même au sein du gouvernement français, où les ministères de la Santé et des Affaires étrangères peinent à adopter une position commune, tandis que certains parlementaires, notamment dans l’entourage de Bruno Retailleau, appellent à mettre ce sujet au cÅ“ur des discussions bilatérales.
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