Le Fonds Monétaire International (FMI) intervient traditionnellement auprès des pays confrontés à des difficultés économiques majeures, en leur proposant des prêts assortis de conditions strictes. Ces conditions, souvent qualifiées d’austérité, comprennent généralement des réformes structurelles profondes : réduction des dépenses publiques, privatisations, diminution des subventions étatiques et restructuration de la dette. Pour de nombreux pays en développement, ces exigences représentent un défi considérable, mettant en balance stabilité financière et protection sociale.
Une stratégie économique autonome
La Tunisie a choisi une voie différente en 2023, marquant une rupture avec les recommandations traditionnelles du FMI. Le président Kaïs Saïed a suspendu les négociations avec l’institution financière internationale, jugeant ses conditions incompatibles avec la préservation de la paix sociale. Cette décision, initialement perçue comme risquée, a permis au pays de maintenir ses politiques de soutien social tout en réalisant des progrès économiques notables. Les subventions publiques ont triplé, passant de 4 milliards de dinars en 2019 à 12 milliards en 2022, protégeant ainsi le pouvoir d’achat des citoyens.
Des résultats économiques prometteurs
Les données récentes compilées par le Centre Ali Ben Ghedhahem pour la justice fiscale démontrent l’efficacité de cette approche alternative. Le déficit budgétaire a connu une réduction significative, passant de 7,4% en 2023 à 6,3% en 2024, avec une projection optimiste de 5,5% pour 2025. Cette performance dépasse même les objectifs initialement fixés par le FMI pour 2026. La masse salariale a été maîtrisée, diminuant de 16,1% du PIB en 2019 à 13% en 2025, sans recourir aux mesures drastiques préconisées par le Fonds. Le secteur public a continué de créer des emplois, avec une progression constante des recrutements : 8 000 en 2019, 12 500 en 2024, et 21 000 prévus pour 2025.
Des défis persistants pour l’avenir
Malgré ces avancées encourageantes, la Tunisie fait face à des enjeux cruciaux pour consolider sa trajectoire économique. Le chercheur Amine Bouzaiene souligne l’importance de développer un plan de relance économique basé sur les investissements publics. La mobilisation des ressources fiscales reste un levier essentiel, nécessitant un élargissement de l’assiette imposable sans pénaliser les classes moyennes et vulnérables. Cette recherche d’équilibre entre autonomie financière et justice sociale constitue désormais le principal défi pour le pays, qui devra optimiser ses ressources propres tout en préservant sa cohésion sociale.
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