Le Bénin se prépare à assister à un procès très attendu, celui de plusieurs personnalités accusées d’être impliquées dans une tentative de coup d’État contre le président Patrice Talon. Cette affaire continue de secouer le pays et diviser l’opinion publique et politique. Le procès, qui s’ouvrira dès demain 21 janvier, est devenu un point focal pour la politique béninoise. Des Béninois se demandent si cette affaire connaîtra le même traitement et la même célérité que deux autres affaires que sont celles de Madougou et Aïvo.
L’affaire Olivier Boko et Oswald Homéky connaîtra une suite judiciaire dès demain mardi 21 janvier. Le procès des deux personnalités et leurs présumés complices s’ouvre en effet demain à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Accusés de préparer un coup d’État visant à renverser le gouvernement de la Rupture, ces anciens amis de Patrice Talon connaîtront-ils le même sort que Joël Aïvo et Réckyath Madougou? Seul le procès de ce mardi pourra fixer le peuple béninois. Déjà les avocats des mis en cause crient aux vices de procédure et dénoncent l’allure qu’a prise cette affaire.
Les griefs des avocats
Me Ayodélé Ahounou, avocat d’Olivier Boko, a dénoncé des « vices » dans la procédure judiciaire, remettant en question le respect des droits fondamentaux des accusés. Parmi les manquements soulignés, l’avocat a pointé du doigt, la non-transmission conforme des dossiers d’instruction. Il explique que les documents transmis aux avocats de la défense ne correspondraient pas au dossier détenu par les magistrats, empêchant une défense efficace. Par ailleurs, l’omission d’inviter tous les avocats de la défense constitue également une violation directe des règles de procédure qui garantit à chaque accusé un accès équitable à la justice. Me Ayodélé a noté enfin le refus de transmettre une exception d’inconstitutionnalité à la Cour constitutionnelle, conformément au code de procédure pénale et parle d’un procès expéditif.
Comme Me Ayodélé, un autre avocat de la défense fustige lui aussi la procédure.« On veut que le procès soit rapide et très rapide. Si nous sommes devant des juges et que les procédures sont conduites de cette manière, nous sommes formés pour comprendre que le verdict est connu à l’avance, qu’on ne doit pas espérer grand-chose de la suite », avait déclaré Me Paul Kato Atita lors d’un entretien avec un média l’année dernière. « Il s’agit d’une et même personne. L’intimité, la proximité, l’amitié, sont notoirement connus, de sorte que quand on voit l’un, c’est comme on a vu l’autre. C’est pour dire qu’aujourd’hui, ce qui est reproché à l’un, doit pouvoir surprendre. Comment on a pu en arriver là ? Comment quelqu’un qui se confond à vous, qui forme une unicité à vous dans la conscience de la population entière, on peut subitement dire qu’il est l’auteur d’un acte aussi grave ? », avait soutenu Me Paul Kato Atita. Selon l’avocat, le chef de l’Etat, Patrice Talon fait partie de la procédure. Donc, logiquement, il devrait être entendu dans ce dossier pénal. « S’il était entendu, même si monsieur Boko cachait le mobile au juge, lui ne pouvait pas cacher le mobile au juge. Dans ce dossier, il a deux qualités : qualité de personne physique, qualité en tant qu’institution. Donc, si on analyse juridiquement, il est plaignant à titre privé, soit au nom de la nation », avait-il démontré. Les avocats de la défense soutiennent que les preuves présentées par l’accusation sont insuffisantes pour justifier des faits aussi graves.
Un procès à l’image de ceux de Magoudou et Aïvo?
La justice béninoise avait condamné en 2021 l’opposante Reckya Madougou à 20 ans de prison pour terrorisme, dans un procès d’une journée. Une condamnation politique selon les opposants au président Patrice Talon. Reckya Madougou, 47 ans, a été reconnue coupable de « complicité d’actes terroristes » par la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). L’opposante, qui avait plaidé non coupable, a été condamnée à la peine requise par le procureur. « C’est triste pour notre justice. Je maintiens qu’il n’y a pas de preuve », avait déclaré l’un de ses avocats, Me Robert Dossou. « Jugée à 6h du matin, sans témoins, sans pièces, sans preuve, Reckya Madougou condamnée à vingt ans de prison par trois suppôts du pouvoir. Son crime : avoir incarné une alternance démocratique au régime de Patrice Talon », avait réagi sur Twitter un autre de ses avocats, le Français Me Antoine Vey.
Même situation dans le procès du constitutionnaliste Joël Aïvo. « Il n’y a rien dans le dossier, c’est un dossier vide », affirmait l’un des avocats de Joël Aïvo, Me Barnabé Gbago. « Le procureur a soulevé l’incompétence de la Cour qu’il a lui-même sollicité et on se pose la question de savoir si c’est du droit qu’on fait ou si c’est de la méchanceté gratuite », avait ajouté Me Gbago.
Comme on peut le constater, les dénonciations faites aujourd’hui par les avocats de Boko et Homéky sont similaires à celles des avocats de Madougou et Aïvo. Reste maintenant à voir si le procès prendra la même allure que ceux des deux précédents. Olivier Boko, Oswald Homéky et leurs présumés complices pourront être fixés sur leur sort ce mardi si leur procès ressemble à ceux de Madougou et Aïvo. (Rejoignez la famille des abonnés de la chaîne WhatsApp de La Nouvelle Tribune en cliquant sur le lien https://whatsapp.com/channel/0029VaCgIOFL2ATyQ6GSS91x).
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