Une tempête médiatique secoue la sphère politique sénégalaise depuis la diffusion d’un prétendu communiqué du parquet financier concernant le député Farba Ngom. Ce document, non daté et dépourvu de cachet officiel, a circulé sur les réseaux sociaux, laissant entendre qu’une demande de levée d’immunité parlementaire aurait été adressée au ministre de la justice. Si cette information a rapidement alimenté les spéculations, il s’avère que le document en question n’a aucune valeur officielle et serait, selon les révélations de nos confrères de Libération, une fuite d’un projet en cours d’élaboration.
Face à l’ampleur de la polémique, le procureur financier, El Hadji Alioune Abdoulaye Sylla, a pris la parole pour rétablir les faits. Dans un communiqué officiel publié quelques heures après l’apparition du document controversé, il a confirmé que le parquet financier avait récemment été saisi de plusieurs rapports émis par la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif). Ces rapports, actuellement en cours d’analyse, ont mis au jour des mécanismes complexes de blanchiment d’argent.
Le procureur a précisé que l’un de ces rapports met en cause plusieurs individus pour des transactions suspectes s’élevant à plus de 125 milliards de FCFA. Ces fonds auraient transité à travers des sociétés écrans, utilisées comme intermédiaires pour dissimuler des flux financiers illicites. Une information judiciaire devrait être ouverte pour examiner des faits présumés de blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, escroquerie, corruption, trafic d’influence et abus de biens sociaux.
Dans le cadre de cette enquête, Libération rapporte que le parquet financier aurait bien sollicité le ministère de la Justice afin d’entamer une procédure visant à lever l’immunité parlementaire de Farba Ngom, un proche du pouvoir. Cette démarche permettrait d’approfondir les investigations et d’interroger le député sur son implication éventuelle dans les mécanismes financiers mis en lumière par la Centif.
Un homme d’affaires, dont l’identité n’a pas été révélée, serait également visé par l’enquête. Selon des sources proches du dossier, ce dernier aurait joué un rôle stratégique dans les transactions suspectes, facilitant le détournement et le blanchiment des fonds à travers un réseau de sociétés-écrans.
La diffusion de ce « projet de communiqué » suscite de nombreuses interrogations. S’agit-il d’une fuite intentionnelle visant à saboter les investigations du parquet financier, comme le laisse entendre Libération ? Ou bien cette situation reflète-t-elle des tensions internes dans la gestion de ce dossier hautement sensible ?
Cette affaire intervient dans un contexte où la lutte contre la corruption et les crimes financiers figure parmi les priorités déclarées des autorités sénégalaises. Pourtant, la politisation des affaires judiciaires reste un enjeu délicat dans le pays, où l’opinion publique perçoit souvent les poursuites contre certains responsables comme sélectives ou politiquement motivées.
Si le parquet financier parvient à obtenir la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, cela marquera une avancée majeure dans cette enquête. En attendant, la publication du communiqué officiel par le procureur financier vise à rassurer l’opinion publique sur la neutralité et le sérieux de la procédure.
Laisser un commentaire